Piercing « smiley », entre esthétique et santé bucco-dentaire, il faut choisir
Le piercing « smiley » transperce le frein de la lèvre, cette petite bande de peau rattachant la lèvre à la mâchoire supérieure. Il existe différents styles de labret (le bijou qui est inséré à travers le piercing), notamment les labrets droits, en forme de J ou à disque plat, etc. Les matériaux diffèrent aussi.
Témoins des complications immédiates et même à long terme de ces bijoux, les orthodontistes mettent en garde sur les risques liés à cette pratique. Bien que les complications les plus fréquentes surviennent immédiatement après la pose du piercing, telles que les infections, les allergies de contact et les fissures, le piercing du frein de la lèvre peut causer des problèmes souvent insoupçonnés par celui qui le porte, car ils ne sont ni visibles ni douloureux.
Être intransigeant sur l’hygiène
Le « piercing artist » ou « piercer » doit respecter des normes strictes d’hygiène et de sécurité lors de la procédure, dont la stérilisation du matériel (utilisation de l’autoclave), l’usage de solutions désinfectantes et autant que possible de matériel à usage unique. Étant donné que le piercing crée délibérément une plaie dans le corps, il est ensuite impératif de veiller à sa cicatrisation.
Une infection liée au piercing peut causer divers symptômes, mais elle est généralement marquée par des douleurs et la formation de pus, un gonflement, une zone rougie…. Le pus est à distinguer de la lymphe, cette dernière étant une substance plus dense produite par le corps pour faciliter la cicatrisation. Une pommade antibiotique peut être conseillée en prévention.
Une inspection des dents préalable
Pour limiter les risques, avant de se faire poser un piercing il est préférable de consulter un chirurgien-dentiste ou un orthodontiste. Celui-ci désignera la localisation optimale en fonction de la dentition pour éviter les dommages aux structures dentaires et avoisinantes, telles que la gencive et l’os sous la gencive. « Il est essentiel de considérer la position des dents, notamment dans le cas de dents tordues ou saillantes, précise Dr Couchat, où la localisation du piercing pourrait engendrer des problèmes car la dent buterait contre le piercing. »
La forme du piercing, du fermoir ou du dispositif utilisé sont aussi à prendre en compte. Pour limiter les risques, le praticien conseillera sur la taille et la forme du labret (la barre la plus petite possible étant recommandée), et le matériau (le plus léger possible, plateau en plastique pour le fermoir) pour une meilleure tolérance dento-alvéolaire sur le long terme. Par exemple, « si c’est une petite boule en métal, ajoute le Dr Couchat, il est impératif qu’à l’intérieur elle soit plate et non contondante, évitant ainsi toute irritation pour la gencive et la dent. »
Attention aux coups mais aussi au frottement incessant
« Si le piercing est en métal, il peut se transformer en projectile lors d’un impact, rappelle David Couchat, à cause d’un coup de coude, d’une bousculade… Il ne faut pas oublier que les lèvres sont conçues pour protéger les dents en amortissant les chocs. »
Cependant, sans aller jusque-là, le contact incessant du labret avec les dents ou la gencive peut causer des dommages irréparables. « On observe ainsi des dents ayant perdu une partie de leur émail, des fractures dentaires, une récession de la gencive pouvant aller jusqu’au déchaussement des dents et à une perte d’os, ajoute le spécialiste. Car même des gestes anodins au quotidien, comme se caresser le visage ou bouger les lèvres, peuvent entraîner des risques au contact de la gencive. Si vous brossez vos dents de manière excessive, cela peut entraîner le déchaussement des dents. De manière similaire, si votre piercing frotte continuellement contre la gencive, cela entraînera une abrasion de celle-ci, puis un découvrement de l’os, avec un risque de perte de la dent à prendre au sérieux. »
Le déchaussement des dents peut se produire assez rapidement. Cela dépend de la force de friction et de la configuration des dents de chaque individu. « Un piercing bien réalisé peut ne poser aucun problème à certaines personnes, les préservant ainsi de tout déchaussement, explique-t-il. Mais si des lésions surviennent, elles sont irréversibles. Une greffe de gencive sera alors nécessaire, une réparation de l’émail, voire le remplacement de la dent. »
Deux à trois mois après la réalisation du piercing, une fois que la cicatrisation est terminée, une inspection par un chirurgien-dentiste ou un orthodontiste est conseillée. Si aucun problème n’est constaté, « la probabilité de survenue ultérieure de déchaussement ou de tout autre effet indésirable est faible. »