Sexualité des Français : les femmes en couple ne se forcent plus

Sexualité des Français : les femmes en couple ne se forcent plus

Les Français font de moins en moins l’amour. C’est ce que révèle l’étude IFOP pour le fabricant de sex-toys Lelo. Selon les résultats, 76 % des Français ont eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois – 24 % d’entre eux n’en ont donc pas eu. C’est 15 points de moins qu’en 2006 et 6 de moins qu’en 1970. Autre signal de ce que l’enquête nomme la « sex recession », seuls 43 % des personnes interrogées rapportent avoir au moins un rapport sexuel en moyenne par semaine, elles étaient 58 % en 2009.

Le recul du devoir conjugal

La déconstruction lente mais bien présente du « devoir conjugal » explique en partie cette montée de l’inactivité sexuelle. En effet, alors que 52 % des femmes admettent qu’il leur arrive encore de faire l’amour sans en avoir envie, elles étaient 76 % en 1981. Une évolution de la société que le mouvement MeToo et le rapport au consentement expliquent en partie. 46 % des hommes déclarent également avoir eu des rapports sexuels alors qu’ils n’en avaient pas envie.

Un désintérêt pour la sexualité plus marqué chez les femmes

Autre point important, 54 % des femmes, contre 42 % des hommes, affirment qu’elles pourraient continuer à vivre avec une personne dans une relation platonique. Un chiffre qui a bondi de 14 points par rapport à 1981. 15 % des femmes de plus de 50 ans se revendiquent même asexuelles, 9 % des hommes.

62 % des Françaises accordent de l’importance à la sexualité dans leur vie tandis qu’elles étaient 82 % en 1967. Chez les hommes, 75 % d’entre eux, 87 % des trentenaires, assurent qu’ils accordent de l’importance à la sexualité. Autre fossé entre hommes et femmes, 69 % des femmes interrogées assurent vivre facilement l’abstinence sexuelle contre 48 % des hommes. La sexualité demeure donc une partie importante de la masculinité.

Les moins de 35 ont-ils mieux à faire ?

Chez les plus jeunes (18-24 ans), le recul de la sexualité est encore plus marqué : parmi les « initiés » sexuellement, 28 % affirment ne pas avoir eu de rapport sexuel en un an. C’était cinq fois moins en 2006 (5 %). Selon des études similaires citées dans le sondage, la tendance semble s’installer dans les pays occidentaux : de 8 % à 23 % d’inactivité sexuelle entre 2008 et 2018 aux Etats-Unis. En Allemagne, le nombre d’abstinents a été multiplié par 3 entre 2005 et 2016. Et chez les moins de 35 ans, en couple, 57 % des hommes et 43 % des femmes ont déjà boudé un rapport sexuel pour regarder une série, lire, surfer sur les réseaux sociaux ou encore jouer à un jeu vidéo.

Faut-il s’inquiéter de cette récession sexuelle ou y voir une émancipation des injonctions sociales ? « Cette enquête met en exergue la proportion croissante de Français(es) qui parviennent à s’affranchir d’une certaine ‘normalité sexuelle’ et tout particulièrement des injonctions sociales qui lient forcément le couple à une vie sexuelle intensive », conclut François Kraus, chercheur, directeur du pôle politique et actualité à l’Ifop.

*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024.