Wegovy : 5 questions sur ce médicament anti-obésité
Le Wegovy, qu’est-ce que c’est ?
Le Wegovy – le nom commercial du principe actif sémaglutide – est un analogue du glucagon-like peptide 1 (aGLP-1) indiqué dans l’obésité. On connait déjà le sémaglutide sous le nom d’Ozempic mais indiqué uniquement dans le traitement du diabète de type 2, à un autre dosage.
Cette famille de molécules est utilisée depuis de nombreuses années dans le traitement du diabète de type 2. Elles imitent l’action des incrétines, des hormones gastro-intestinales qui stimulent la sécrétion d’insuline lorsque la glycémie (le taux de sucre dans le sang) est élevée. Elles aident ainsi à réguler la glycémie, retardent la vidange gastrique et augmentent la sensation de satiété. Outre la gestion du diabète, ces effets conduisent donc à une perte de poids, principalement par une réduction de la masse des cellules graisseuses. Ce mécanisme fonctionne tant chez les personnes diabétiques que chez celles souffrant d’excès de poids ou d’obésité mais sans diabète.
Quelle est l’efficacité du Wegovy ?
Les données des essais cliniques sur le Wegovy comprennent 18 essais de phase 3 (programme STEP), chez des personnes obèses non diabétiques. Les pertes de poids varient de 15 à 17 %, avec un suivi allant jusqu’à 68 semaines.
Mais Wegovy améliore également le profil cardiométabolique des patients. Dans l’étude SELECT, portant sur des adultes non diabétiques en surpoids ou obèses ayant des antécédents cardiovasculaires, une réduction relative de 20 % du risque d’événements cardiovasculaires majeurs a été observée (décès d’origine cardiovasculaire, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux).
Je suis en situation de surpoids ou d’obésité obèse. Puis-je le prendre ?
Depuis le 8 octobre, le Wegovy (2,4 mg) est accessible seulement aux patients avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 35 kg/m² (obésité),âgés de moins de 65 ans, et après l’échec d’une prise en charge nutritionnelle incluant un régime hypocalorique et une activité physique régulière. D’autres restrictions s’appliquent. Sa délivrance est uniquement possible sur prescription médicale rédigée par un médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition ou par un médecin ayant suivi une formation spécialisée transversale « nutrition appliquée ». Ceci lors de la première prescription car ensuite, le médecin généraliste pourra renouveler cette ordonnance.
Probablement échaudée par les scandales liés à des traitements amaigrissants tels que le Médiator, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) veut ainsi limiter le risque de dérive vers un usage à des fins purement esthétiques chez des personnes non obèses ou en surpoids, sans problème de santé associé.
Enfin, le Wegovy n’est pas remboursé par l’Assurance-maladie, même si on s’attend à une décision de remboursement dans les mois à venir, tout au moins pour les personnes souffrant d’obésité sévère ou massive. Pour l’instant, les patients devront payer de leur poche entre 9 et 12 € par jour, soit environ 270 à 360 € par mois*.
Quels sont les effets secondaires du Wegovy ?
Les effets secondaires du Wegovy (solution injectable en stylos préremplis) sont connus, principalement gastro-intestinaux : nausées, vomissements, diarrhées et constipation. Cependant, ces troubles ne conduisent à l’arrêt du traitement que chez moins de 5 % des patients. Le traitement commence par une dose minimale de 0,25 mg pendant 4 semaines. Les doses sont ensuite augmentées progressivement, sur plusieurs mois.
Epi-Phare – groupement d’intérêt scientifique dédié à l’épidémiologie des produits de santé – examine en France les évènements gastro-intestinaux rares mais graves (pancréatite, occlusion intestinale, gastroparésie qui est la paralysie de l’estomac avec un retard de sa vidange). Aucune alerte n’a été émise à ce stade.
Est-ce le seul médicament anti-obésité ?
Le Wegovy, du laboratoire Novo Nordisk, n’est que l’un des représentants d’une nouvelle génération de super médicaments visant la perte de poids. Le Saxenda (liraglutide) était jusqu’à maintenant le seul analogue du GLP-1 indiqué dans l’obésité en France.
De nouveaux médicaments encore plus puissants sont en préparation. Ils combinent l’effet des analogues du GLP-1 avec d’autres mécanismes d’action, en ciblant des hormones comme le glucagon ou le GIP. Certains de ces médicaments, qui incluent des combinaisons doubles (et bientôt triples), sont déjà disponibles aux États-Unis.
Un raz de marée est annoncé. Selon la Banque de Montréal, en 2035, 19 millions d’Américains seront traités pour l’obésité, contre 3 millions aujourd’hui.
Certains spécialistes s’inquiètent de la prescription généralisée de médicaments anti-obésité. D’autant qu’ils doivent être poursuivis à vie, leur arrêt entraînant le retour des kilos perdus. L’éducation nutritionnelle et un mode de vie actif sont essentiels, mais il faut être pragmatique : ces mesures ont prouvé leur insuffisance face à l’augmentation constante des taux d’obésité et de surpoids, tant dans notre pays qu’à l’international. Pour preuves, les derniers chiffres français Obépi 2020 publiés en 2023 où la courbe de l’obésité semble incontrôlable.
* Les patients ayant bénéficié d’un accès précoce bénéficieront d’une prise en charge jusqu’à fin janvier 2025.