Votre enfant fait pipi au lit ? Ecoutez-le !

Votre enfant fait pipi au lit ? Ecoutez-le !

Un enfant qui fait encore pipi au lit après 5 ans, et qui n’a jamais été propre, est sûrement atteint d’énurésie nocturne primaire isolée. C’est-à-dire que durant son sommeil, il ne peut contrôler sa vessie et se réveille avec ses draps mouillés.

L’énurésie ou « le pipi au lit » répond à une définition précise. « Il s’agit d’une miction involontaire totale survenant pendant le sommeil et qui intervient après l’âge de l’acquisition de la propreté. C’est-à-dire après 5 ans en général », explique le Dr Brigitte Llanas, praticien hospitalier au CHU de Bordeaux, spécialisée en pédiatrie. « Les spécialistes parlent d’énurésie primaire quand l’enfant n’a jamais été propre et secondaire quand il a acquis la propreté nocturne pendant plus de 6 mois. »

L’énurésie toucherait environ 5% des enfants. Lesquels trop souvent souffrent en silence. Car oui, faire pipi au lit après 5 ans, impacte le bien-être des petits. « Ils ne sont pas pris au sérieux. Parfois, les frères et sœurs plus grands se moquent d’eux, les réduisant à leur rôle de petit, de bébé à sa maman », précise le Dr Llanas. « Je me rends compte en consultation qu’ils ont perdu confiance en eux et se sentent seuls. »

Et quid du rôle des parents ? Doivent-ils amorcer le dialogue à ce sujet ? « Les parents en général, évoquent le problème avec leur enfant, mais de manière maladroite. Par exemple sous forme de moquerie, de punition ou en surprotégeant leur enfant. Bien entendu, ce n’est pas avec ces méthodes que le petit va reprendre confiance en lui. En fait, le rôle des parents est assez simple, ils doivent être à l’écoute. »

Mission : reprendre confiance

Notre spécialiste estime en effet que c’est à l’enfant de se prendre en charge, en lien avec le médecin. « Il faut savoir parler aux enfants souffrant d’énurésie, choisir les bons mots, c’est vraiment ce qu’il y a de plus important pour la réussite de la prise en charge. Dans un premier temps, il est nécessaire de dédramatiser, lui dire ‘tu n’es pas malade, ce n’est pas grave, tu n’es pas tout seul dans ce cas’. Il faut aussi s’intéresser à lui de manière globale sans forcément parler du pipi au lit pour le mettre en confiance. »

L’objectif, c’est de trouver les ressorts psychologiques qui permettront aux enfants de reprendre confiance en eux. « L’énurésie cache bien souvent d’autres problèmes passés sous silence », indique le Dr Llanas. « J’ai de grands ados ou des enfants qui sont venus consulter. Des années plus tard, ils me disent avoir vécu l’enfer, ils avaient honte, se sentaient sales, pas compris. Aujourd’hui, ils sont hyper contents de ne plus faire pipi au lit. Ils se sont responsabilisés et ont gagné en confiance. »

Source : Interview du Dr Brigitte Llanas