Vitiligo : stop aux idées reçues
Le vitiligo concernerait 1 million de personnes en France, 0,5 à 1 % de la population mondiale. Ce trouble de la pigmentation est une maladie auto-immune qui se caractérise par l’apparition de taches blanches, et parfois de poils blancs, sur la peau. Trop souvent considérée comme bénigne – les taches ne grattent pas, ne brûlent pas, les patients ne sont pas plus à risque de cancer de la peau – cette dermatose entraîne pourtant de lourdes répercussions psychologiques et peut considérablement altérer la qualité de vie. Ainsi 76 % des patients estiment que le regard porté par la société sur leur maladie nuit à leur santé mentale, 82 % d’entre eux considèrent important voire indispensable de renforcer la sensibilisation sur la maladie.
Ainsi, à l’occasion de la journée mondiale du vitiligo, la Fédération française du vitiligo tord le cou à plusieurs idées reçues.
1 – Le vitiligo est héréditaire : FAUX
Segmentaire – il ne concerne qu’une partie du corps – ou généralisé – les taches apparaissent de façon symétrique sur le corps -, le vitiligo n’est pas une maladie héréditaire. Il n’existe pas de gène du vitiligo mais des prédispositions familiales. Selon l’Inserm, une cinquantaine de gènes de susceptibilité ont été identifiés dans le vitiligo, mais une personne qui porte un ou plusieurs de ces gènes, si elle présente plus de risque de développer la maladie, ne sera pas systématiquement atteinte. Selon l’Inserm, une personne dont un parent du premier degré est atteint à un risque de 5 à 8 % de développer la maladie.
2 – Le vitiligo, c’est dans la tête : FAUX
Le vitiligo est souvent perçu comme une maladie psychosomatique, soit la survenue de symptômes qui affectent la santé physique alors que les causes sont psychiques ou émotionnelles. Il s’agit d’une maladie auto-immune, l’immunité cellulaire est impliquée dans la destruction des mélanocytes, les cellules de l’épiderme qui synthétisent les principaux pigments qui colorent la peau. D’autres facteurs, génétiques et non-génétiques, contribuent également à la survenue de la maladie.
3 – Il ne faut pas s’exposer au soleil : FAUX
Une exposition raisonnable n’est pas contre-indiquée. Il est tout à fait possible de s’exposer au soleil lorsque l’on souffre de vitiligo, même s’il faudra redoubler de vigilance concernant la protection des zones dépigmentées.
En outre, le soleil participe à la repigmentation de la peau. Les traitements reposent en effet sur l’association de crèmes à appliquer sur les zones dépigmentées et d’une exposition aux rayonnements UVB, via des lampes de photothérapie ou une exposition au soleil si la saison le permet. Il faudra environ 6 à 24 mois pour obtenir des résultats satisfaisants ; les poignets, les mains et les pieds restent très difficiles à traiter
4 – Le vitiligo est contagieux : FAUX
Cette maladie dermatologique, peu connue, est à l’origine d’une stigmatisation sociale. Beaucoup croient que cette maladie est contagieuse. Ainsi selon une enquête de l’Association française du vitiligo, 31% des jeunes ayant croisé une personne atteinte de vitiligo craignaient que celle-ci soit contagieuse (42 % pour les hommes et 19 % pour les femmes). « Ah, mais qu’est-ce que tu as sur les genoux, dans le dos et sur le ventre ? Ah, mais c’est bizarre, j’espère que ce n’est pas contagieux », témoigne avoir entendu un jeune patient, dans les vestiaires.
En outre, « au début de l’évolution, le vitiligo est souvent à tort diagnostiqué comme une maladie appelée ‘Pityriasis Versicolor’, très fréquente, liée à la prolifération d’un champignon sur la peau et souvent traitée par des traitements antifongiques ». Une erreur de diagnostic qui entretient l’idée d’une maladie infectieuse selon le centre dermatologique spécialisé Vitiligo-Bordeaux.
A noter : il est possible de bloquer les poussées de vitiligo avec un traitement à base de cortisone et de phytothérapie. Pour la repigmentation des lésions, un premier traitement a reçu une autorisation de mise sur le marché au début de l’année en France ; pour une utilisation dès l’âge de 12 ans. Il s’agit du ruxolitinib, commercialisé sous le nom d’Opzelura.