Violences conjugales : 24 % des adolescentes de la planète en sont victimes
Parmi les adolescentes en couple ou qui ont été en couple dans le monde, près de 19 millions d’entre elles, soit 24 %, auront subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire avant l’âge de 20 ans. C’est la conclusion alarmante d’une vaste étude menée par l’organisation mondiale de la santé (OMS) et publiée lundi 29 juillet dans la revue The Lancet Child & Adolescent. A partir de données collectées par l’OMS entre 2000 et 2018 dans 161 pays, cette première étude établit la prévalence mondiale des violences physiques et/ou sexuelles subies par les jeunes filles de 15 à 19 ans ayant eu des relations intimes. 16 % d’entre elles ont subi ces violences dans l’année écoulée. Les violences psychologiques n’ont pas été incluses dans l’étude, sans mesure internationale comparable disponible.
Le mariage des filles, facteur important de violences
« D’après les estimations de l’OMS, les régions les plus touchées sont l’Océanie (47 %) et l’Afrique subsaharienne centrale (40 %), par exemple, tandis que les taux les plus bas se situent en Europe centrale (10 %) et en Asie centrale (11 %) », note l’OMS dans un communiqué. Parmi les pays les moins touchés par ces violences, les taux les plus bas atteignent 6 %, 49 % dans les pays où ces violences sont les plus élevées. Ainsi, pour l’heure, aucun pays n’est en voie d’éliminer la violence contre les femmes et les filles d’ici 2030, comme fixé par les 17 objectifs de développement durable des Nations Unis.
Dans les pays (ou régions) les plus à risque, un socle commun a été identifié :
faible revenu ;
moins de filles à fréquenter l’école secondaire ;
droits de propriété et d’héritage plus faibles que pour les hommes ;
mariage des filles avant l’âge de 18 ans (une fille sur cinq dans le monde).
Ce dernier point « augmente considérablement les risques, car les différences d’âge entre les conjoints créent des déséquilibres de pouvoir, une dépendance économique et un isolement social, autant de facteurs qui augmentent la probabilité de subir des abus », précise l’OMS.
Un enjeu de santé publique
Concernant la santé de ces jeunes femmes, être victimes de violences physiques et/ou sexuelles accroît, entre autres, le risque de blessures, de dépression, de troubles anxieux, de dépression, de grossesse non désirée et d’infections sexuellement transmissibles.
« Étant donné que la violence au cours de ces années cruciales de formation peut avoir des conséquences graves et durables, elle doit être prise plus au sérieux et considérée comme un problème de santé publique, et il faut mettre l’accent sur la prévention et le soutien ciblé », a déclaré le Dr. Pascale Allotey, directrice du département santé sexuelle et reproductive de l’OMS.
Pour le Dr. Lynnmarie Sardinha, administratrice technique chargée des données et des mesures relatives à la violence à l’égard des femmes à l’OMS, « il faut garantir l’éducation secondaire pour toutes les filles, garantir que les hommes et les femmes ont les mêmes droits de propriété et mettre fin aux pratiques néfastes telles que le mariage d’enfants, qui sont souvent sous-tendues par les normes de genre inéquitables qui perpétuent la violence à l’égard des femmes et des filles ».