VIH/SIDA : l’association AIDES poursuit son combat

VIH/SIDA : l’association AIDES poursuit son combat

Depuis quatre décennies, l’association AIDES œuvre pour la lutte contre le VIH. La fin de l’épidémie est envisageable « à condition de mobiliser des moyens financiers et un engagement politique fort », explique Camille Spire, présidente d’AIDES. « Pour parvenir à cet objectif, il est crucial de garantir un accès universel aux soins et à la prévention, notamment pour les publics les plus vulnérables, tout en renforçant le dépistage. A savoir les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, des personnes trans, personnes migrantes, personnes détenues, travailleuses du sexe, usagers-ères de drogues. »

Accès aux soins et lutte contre les discriminations : des enjeux majeurs

Bien que les traitements soient très efficaces, l’accès aux soins et à la prévention reste complexe en France pour les personnes les plus marginalisées et discriminées. L’association préconise une approche communautaire : « Aller vers les plus concernés, au plus près de leurs lieux de vie et de sociabilisation, est essentiel pour recréer une relation de confiance avec le système de santé. Pour cela, lever les barrières de la discrimination — que ce soit en raison de l’orientation sexuelle, des pratiques sexuelles ou de l’usage de drogues — est fondamental pour favoriser l’accès aux soins et au dépistage. »

Financer la lutte : un investissement à long terme

Malgré les progrès, la présidente de l’association alerte sur une baisse des financements consacrés à la lutte contre le VIH en France. Or, des investissements constants sont nécessaires pour atteindre les populations éloignées du système de santé. « D’autres pays ont constaté une résurgence de l’épidémie lorsque les financements ont diminué. La France doit rester vigilante si elle veut réellement éradiquer le VIH. »

Combattre les idées reçues : un enjeu de santé publique

Un autre combat de l’association est la lutte contre la sérophobie. En 2024, les personnes séropositives restent en effet perçues comme une source d’un certain malaise dans la société : 14 % des Français indiquent être mal à l’aise à l’idée de fréquenter le même cabinet médical qu’une personne séropositive, 16 % à l’idée d’avoir un collègue de travail séropositif.

À travers des campagnes de communication, AIDES met en lumière le principe « I = I » (Indétectable = Intransmissible). Pourtant, les préjugés persistent, nourris par une méconnaissance des réalités scientifiques. « En France, de nombreux témoignages soulignent que la souffrance des personnes séropositives réside plus dans le rejet social que dans la maladie elle-même », souligne-t-elle.

Un sondage récent montre que 77 % des Français pensent encore qu’une personne sous traitement peut transmettre le virus lors d’un rapport non protégé. « En réalité, une personne séropositive sous traitement avec une charge virale indétectable ne peut pas transmettre le VIH, même lors de rapports sexuels sans préservatif. Il est donc essentiel de diffuser cette information pour réduire les peurs et favoriser l’inclusion », précise Camille Spire.

Le VIH/SIDA en chiffres

  • Près de 5 500 personnes ont découvert leur séropositivité VIH en 2023, en France ;
  • 200 000 personnes vivent aujourd’hui en France avec le VIH, dont 10 000 qui l’ignorent:
  • 630 000 personnes sont décédées du Sida dans le monde en 2023.