VIH : comment certains patients peuvent contrôler la maladie et vivre sans traitement ?

VIH : comment certains patients peuvent contrôler la maladie et vivre sans traitement ?

Habituellement, l’interruption d’un traitement antirétroviral entraîne rapidement une réapparition du virus de l’immunodéficience humaine dans le sang. Ce phénomène s’explique par la persistance de « réservoirs viraux » – des cellules où le VIH reste tapi, même sous traitement efficace.

Pourtant, certaines personnes parviennent à maintenir une charge virale indétectable même après avoir arrêté leur traitement. Ces « contrôleurs post-traitement », identifiés pour la première fois dans l’étude VISCONTI en 2013, représentent un espoir considérable. Chez certains d’entre eux, le contrôle du virus dure depuis plus de 25 ans sans aucun médicament.

Le rôle clé des cellules Natural Killer

Pour comprendre pourquoi certains patients sont capables de contrôler naturellement le virus, l’équipe du Dr Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité « Réservoirs viraux et contrôle immunitaire » à l’Institut Pasteur a analysé les caractéristiques génétiques de plus de 1600 participants suivis depuis le début de leur infection.

Ils ont ainsi découvert que ces personnes partagent des caractéristiques génétiques communes liées aux cellules Natural Killer (NK). Ces cellules sont des lymphocytes du système immunitaire inné capables de tuer des cellules tumorales et des cellules infectées. Elles sécrètent également des cytokines qui participent à l’orientation de la réponse immunitaire adaptative.

La présence de ces marqueurs génétiques favorise ainsi la rémission durable, particulièrement chez les personnes ayant commencé un traitement très tôt après l’infection.

Pour valider ces découvertes, un essai clinique a été lancé en 2023. Seize personnes porteuses de ces caractéristiques génétiques et traitées dès le début de l’infection participent à une interruption surveillée de leur traitement. Les analyses sont en cours.

En parallèle, les chercheurs étudient comment ces caractéristiques génétiques influencent précisément la fonction des cellules NK. L’objectif est de développer des immunothérapies qui mobiliseraient ces cellules particulières chez d’autres personnes vivant avec le VIH.

Vers une vie sans traitement ?

Comprendre comment le système immunitaire de ces « contrôleurs post-traitement » fonctionne  pourrait transformer la vie des 38 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde, actuellement contraintes à un traitement à vie.

« Cette découverte représente une étape cruciale dans la poursuite de la rémission durable de l’infection par le VIH, conclut Asier Sáez-Cirión. Dans un contexte où les programmes d’accès aux antirétroviraux sont fortement menacés, des nouvelles thérapies qui permettront aux personnes vivant avec le VIH de mener une vie normale sans devoir prendre de traitement deviennent encore plus nécessaires et urgentes. »