Troubles anxieux : la pandémie de Covid-19 n’a pas eu d’impact durable en France

« Contrairement aux épisodes dépressifs, dont la prévalence a significativement augmenté entre 2017 et 2021 (…), la fréquence des états anxieux est restée stable », résument les auteurs dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Une conclusion qui conduit Santé publique France, dans cette étude publiée le 22 juillet, à affirmer que la crise sanitaire liée au Covid-19 n’a pas entraîné de hausse durable des troubles anxieux dans la population française.
Confinement, restrictions sanitaires sans précédent… des craintes pour la santé mentale
La pandémie de Covid-19 a été vécue comme un traumatisme. Une vaste méta-analyse publiée dans The Lancet en octobre 2021 avait conclu que la prévalence mondiale des troubles dépressifs avait augmenté de 27,6 % et celle des troubles anxieux de 25,6 %, traduisant respectivement 53 millions et 76 millions de cas supplémentaires liés à la pandémie en 2020. Les plus fortes augmentations ont été observées dans les régions soumises à des confinements stricts, à une diminution de la mobilité humaine et à des taux quotidiens d’infection élevés.
Santé publique France a donc voulu vérifier, dans cette étude, si la crise sanitaire avait entraîné une augmentation des états anxieux. Conclusion : les résultats ne confirment pas cette hypothèse. L’étude, fondée sur des enquêtes téléphoniques réalisées auprès de 6 413 personnes en 2017 et de 4 829 en 2021, à partir d’un questionnaire mesurant les principaux symptômes anxieux (sous-échelle anxiété de la Hospital Anxiety and Depression Scale – HAD-A), montre au contraire une stabilité des niveaux d’anxiété sur la période, chez les 18-75 ans.
Que la pandémie de Covid n’ait pas aggravé les troubles anxieux peut surprendre, alors que les premières études montraient une hausse rapide de l’anxiété en France. Selon les chercheurs, ces pics initiaux ont probablement été temporaires.
12,5 % des personnes présentaient des symptômes anxieux
Faut-il s’en réjouir ? Oui… et non. L’étude révèle que 12,5 % des personnes interrogées présentent des symptômes anxieux en 2021. Ce chiffre est cohérent avec l’enquête EpiCov, conduite en juillet 2021, qui estimait, sur la base du GAD-7 (Generalized Anxiety Disorder, questionnaire d’auto-évaluation conçu pour dépister les troubles anxieux généralisés), que 11 % de la population âgée de 16 ans ou plus présentaient un syndrome anxieux.
Déjà très élevé, ce taux global masque aussi d’importantes disparités sociales. En effet, les troubles sont plus fréquents chez les personnes en difficulté financière, peu diplômées, ou souffrant de comorbidités dépressives et de pensées suicidaires.
Une prévalence trois fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes
La prévalence est également très inégalement répartie selon le sexe : 18,2 % chez les femmes contre 6,4 % chez les hommes. Seule exception notable, la tranche des 65-75 ans, chez qui la fréquence des symptômes anxieux a diminué de 5 points entre 2017 (11,6 %) et 2021 (7 %).
A noter : En France, d’autres données du Baromètre Santé publique France avaient confirmé la hausse des épisodes dépressifs caractérisés en population générale entre 2017 et 2021 (+3,5 points de prévalence chez les 18-75 ans et +9 points chez les 18-24 ans)
Le nouvelle étude en intégralité ici.