Tentative de suicides : hausse inédite des hospitalisations chez les filles et les jeunes femmes
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie les résultats d’une étude sur les hospitalisations en lien avec une tentative de suicide ou automutilation, regroupées sous le terme de geste auto-infligé. Comme plusieurs études précédentes, les résultats illustrent une dégradation de la santé mentale des adolescentes et des jeunes femmes.
Doublement des hospitalisations en psychiatrie
Dans cette tranche de la population, le taux d’hospitalisation pour geste auto-infligé progresse de façon brutale. Ainsi par rapport à la période 2010-2019, les taux d’hospitalisation en service de médecine et chirurgie ont progressé de 71 % chez les filles de 10 à 14 ans, de 44 % chez les adolescentes de 15 à 19 ans et de 21 % chez les jeunes femmes de 20 à 24 ans, en 2021-2022.
La hausse des taux en psychiatrie est vertigineuse : + 246 % pour les 10-14 ans, + 163 % pour les 15-19 ans et + 106 % pour les 20-24 ans. « En psychiatrie, le taux d’hospitalisations pour geste auto-infligé de la patientèle féminine âgée de 10 à 19 ans double entre 2012 et 2020 puis double de nouveau entre 2020 et 2022 », illustre la Drees dans un communiqué.
Les intoxications médicamenteuses volontaires représentent les deux tiers des hospitalisations. Suivent les lésions infligées par un objet tranchant et des gestes plus violents comme les pendaisons ou les sauts dans le vide. « La part des patientes de 10 à 24 ans dont l’hospitalisation comporte un passage en unité de soins intensifs reste stable, autour de 10 %, laissant à penser que les gestes aux conséquences les plus sévères progressent de la même façon », précise la Drees.
Une tendance généralisée à l’ensemble des couches sociales et des territoires
Alors que le nombre d’hospitalisations en service de médecine et chirurgie s’était stabilisé en 2022 chez les filles de 10 à 14 ans, les chiffres repartent à la hausse en 2023. Même tendance à la hausse chez les jeunes femmes de 20 à 24 ans.
La hausse des hospitalisations est généralisée à l’ensemble des territoires, dans des lieux de résidence ruraux, urbains, favorisés ou défavorisés. Toutefois, les chiffres restent plus élevés dans les territoires et populations défavorisés.
Stabilité des chiffres pour les garçons et les jeunes hommes
A l’inverse les taux d’hospitalisations pour geste auto-infligé baissent de façon continue depuis 2010 chez les hommes et les femmes âgées de 30 à 55 ans. Chez les jeunes garçons et hommes de 10 à 24 ans, les niveaux sont stables depuis 16 ans, bien en deçà des niveaux observés chez les filles. Des écarts difficiles à expliquer. « La recherche d’un pendant masculin à l’augmentation des gestes auto infligés chez les filles au travers d’une éventuelle hausse des comportements à risque (qui peuvent se traduire par des agressions physiques, des accidents de transport ou des prises de toxiques), se révèle infructueuse, les hospitalisations en lien avec ces motifs n’ayant pas tendance à augmenter particulièrement chez les hommes de 10 à 24 ans », souligne la Drees.
Plus de tentatives de suicide dans la Somme
Enfin les disparités régionales sont importantes, avec, du chiffre le moins élevé au plus élevé, 35 hospitalisations pour tentative de suicide pour 100 000 habitants en Guadeloupe à 260 dans la Somme. « Plusieurs départements, notamment dans les Hauts-de-France, la Bretagne et la Bourgogne Franche-Comté ont des taux bien supérieurs à la moyenne nationale qui est de 113 pour 100 000 habitants, à l’inverse des départements d’Outre-Mer et d’Île de France qui présentent des taux inférieurs », détaille la Drees.