Tendinite, entorse … oubliez vos anciens réflexes !
Au fur et à mesure que la compréhension de la physiologie de la réparation des tissus a progressé, différents protocoles de récupération ont été développés. Dans les années 70, le protocole RICE (Repos, Glace, Compression, Élévation) était la règle, mettant l’accent sur l’application de glace (cryothérapie). En 2012, celui-ci a été remplacé par le protocole POLICE. Le « R » de « Repos » a ainsi été remplacé par « OL » pour « Optimal Loading », c’est-à-dire une mise en charge optimale (bouger sans atteindre la douleur). Le « P » signifiant « Protection ».
Basé sur la science et le constat que les lésions récurrentes du tendon résultent d’un processus de guérison non optimal, souvent dû à des mesures inadaptées, le récent protocole PEACE and LOVE est désormais appliqué. Le « I » pour Ice (glace) et définitivement abandonné.
Le processus inflammatoire permet une auto-réparation de l’organisme
La tendinite survient. Les vaisseaux sanguins se contractent immédiatement pour limiter la perte de sang. Quelques minutes plus tard ces vaisseaux se dilatent pour faciliter l’entrée de cellules et de substances immunitaires à l’effet inflammatoire. Parmi elles se trouvent les neutrophiles, sorte d’agents nettoyeurs mais possédant aussi un pouvoir anti-inflammatoire et régénérateur. Ces éléments sont véhiculés par du liquide, qui s’accumule sur le site de la blessure, à l’origine d’un œdème. De plus, les substances accumulées génèrent des signaux biochimiques qui déclenchent la phase de prolifération des tissus, conjointement à la libération de composés anti-inflammatoires. Inflammation, rougeur, œdèmes… sont donc des manifestations liées au processus de guérison.
PEACE and LOVE, le protocole en vigueur
« Les acronymes RICE et POLICE se sont concentrés sur la gestion aiguë, en ignorant malheureusement les stades subaiguës et chroniques de la guérison des tissus. Immédiatement après la blessure, ne faites aucun mal et laissez PEACE guider votre approche. Après les premiers jours, les tissus mous ont besoin d’AMOUR. » C’est ainsi que Blaise Dubois, physiothérapeute québécois reconnu internationalement pour son expertise dans le domaine de la réadaptation des coureurs et des athlètes et Jean-François Esculier, également physiothérapeute canadien, co-fondateurs de la Clinique du Coureur (Québec) résument leur protocole PEACE and LOVE, adopté mondialement bien qu’encore peu connu du grand public.
Ils l’expliquent ainsi :
– P pour Protection : évitez les activités et les mouvements qui augmentent la douleur au cours des premiers jours suivant la blessure ;
– E pour Élévation : élevez le membre blessé plus haut que le cœur aussi souvent que possible ;
– A pour Avoid Anti-inflammatories : évitez de prendre des médicaments anti-inflammatoires car ils réduisent la guérison des tissus. Évitez le glaçage ;
– C pour Compression : utilisez un bandage élastique ou un bandage adhésif pour réduire le gonflement ;
– E pour Éducation : Évitez les traitements passifs et les investigations médicales inutiles et laissez la nature jouer son rôle.
Et pour Love :
– L pour Load : Laissez la douleur guider votre retour progressif aux activités normales. Votre corps vous dira quand il sera possible d’augmenter la charge en toute sécurité ;
– O pour Optimisme : Conditionnez votre cerveau pour une récupération optimale en étant confiant et positif ;
– V pour Vascularisation : Choisissez des activités cardiovasculaires sans douleur pour augmenter le flux sanguin vers les tissus en réparation ;
– E pour Exercice : Restaurez la mobilité, la force et la proprioception en adoptant une approche active de la récupération..
La glace ? Mieux vaut éviter
L’application de glace réduit la conduction nerveuse et provoque une vasoconstriction locale, pour moins de douleur, d’inflammation et d’œdème. Mais comme on vient de le voir, la vasodilatation permet de faire venir sur site les substances nécessaires à la guérison. Ainsi, couvrir la zone lésée par des poches de glace pourrait finalement perturber la réparation tissulaire.
AINS et repos total sont déconseillés
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, en plus d’entraver le processus physiologique nécessaire à la guérison des tissus, masquent partiellement la douleur. Or, celle-ci est nécessaire pour qu’inconsciemment la personne évite des mouvements ou une mise en charge qui seraient nuisibles à la guérison. Quant au repos strict, il est à éviter : la mobilité quotidienne est essentielle au processus de réparation.