Savon, gel ou huile : lequel choisir pour la douche ?
« Depuis l’Antiquité jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les gens n’utilisaient que du savon pour se laver »,situe le Dr Céline Couteau, maitre de conférences à la faculté de pharmacie de l’université de Nantes (Loire-Atlantique). Derrière ce symbole de la propreté, se cache un procédé chimique « Le savon est obtenu en faisant réagir sur un corps gras, une base forte », poursuit-elle. Autrement dit, « de la soude pour obtenir un savon solide. Ou de la potasse pour un savon liquide ou mou ». Le processus porte le nom de saponification.
Le savon, pas pour tout le monde
Du fait de ces « bases fortes », le produit en question possède un pH dit « alcalin », par opposition à un pH acide. Et pour cause, « il relargue sur la peau la base qui a servi à sa fabrication », ajoute le Dr Couteau. Sans compter que son effet détergent va aussi avoir tendance « à ôter le film cutané présent à la surface de la peau ». Certes celui-ci se refait assez rapidement mais un usage répété de savon fragilise bel et bien la peau ce qui est susceptible de la rendre plus vulnérable aux attaques extérieures. Pour autant, malgré cet aspect un brin agressif et irritant, « le savon convient aux personnes qui ne présentent pas de problèmes cutanés, type eczéma, psoriasis,peau sèche… », rassure-t-elle.
Le marketing en force
Pour le gel et l’huile ? Céline Couteau revient à l’Histoire. « Après la Seconde Guerre mondiale, nous avons vu apparaitre les syndets (synthetic detergents) qui sont des ‘pains dermatologiques’ ».Il s’agit de produits d’hygiènes renfermant des tensio-actifs, comme les savons, mais sans savon. Avec un pH adapté à notre peau. Les gels et les huiles de douche correspondent à des syndets. Tout comme les shampooings, les mousses lavantes et les nettoyants pour les mains.
Pas question toutefois de les recommander à tout-va, face à la diversité des produits commercialisés ! Sous la douche, les huiles apparaissent adaptées à celles et ceux qui présentent une peau fragile, sèche voire atopique. Appliquée sur la peau, l’huile – ou autre « huile lavante » – constitue ainsi un corps gras qui va en quelque sorte permettre d’éviter « l’agression » directe de l’eau. Quant au gel douche, il est notamment constitué d’une base lavante, de sel, d’un humectant, de conservateurs antimicrobiens, d’un « adaptateur de pH » tel que la soude, de colorants voire encore d’un parfum.
De manière générale, si vous êtes concerné par une maladie dermatologique, privilégiez les gels ou pains « sans savon » ou encore les produits au PH neutre c’est-à-dire, un PH proche de celui de notre peau car il n’accentue pas la sécheresse cutanée et respecte ainsi le film hydrolipidique.
Idem pour les enfants. Les savons « classiques » sont parfois trop décapants pour leur peau fragile. Préférez des produits adaptés et dans l’idéal, achetés en pharmacie.
De l’huile… sans huile
Dans tous les cas, un conseil : « il faut lire soigneusement les étiquettes », ne serait-ce que pour identifier les types de conservateurs. Sans compter, reprend Céline Couteau, que « certaines huiles ne contiennent pas la moindre goutte d’huile. Ce sont en fait des gels douche classiques ». Pour sans assurer, vous devez retrouver la trace du mot « oil » (huile en anglais) dans la liste des composants. Pour un gel, visez « aqua »… Et une certitude, si vous souffrez d’une maladie cutanée, proscrivez les produits parfumés, susceptibles d’être allergisants pour votre peau. Vous avez un doute ? N’hésitant pas à vous référez au blog de Céline Couteau et Laurence Coiffard à l’adresse : www.regard-sur-les-cosmetiquers.fr. Vous y trouverez de précieux conseils qui vous permettront de faire la part des choses entre promesses marketing et réels bénéfices, en toute indépendance.