Santé périnatale : un rapport du Sénat tire la sonnette d’alarme
« La France connaît un décrochage marqué depuis plus d’une dizaine d’années par rapport à ses voisins européens. » Le Sénat a récemment publié en septembre un panel de recommandations concernant la santé périnatale – santé de la mère et de l’enfant de la grossesse au premier anniversaire de l’enfant – en France. Objectif : apporter une réponse à la hauteur de la fragilité actuelle de la santé périnatale en France. Une situation précaire qui pèse sur la santé des mères et des nouveau-nés en France.
La mortalité infantile élevée
La mission d’information sur l’avenir de la santé périnatale et son organisation territoriales part d’un constat alarmant, qui a initié son action : « l’absence d’amélioration, voire la dégradation des indicateurs depuis une dizaine d’années, placent la France désormais aux 21e et 22 e rangs européens en matière de mortinatalité spontanée et de mortalité infantile, avec sur ce second indicateur un taux de 4,0 pour 1 000 naissances vivantes en 2023 ». Après six mois de grossesse en France, un bébé sur cent naît sans vie ou décède au cours de sa première année de vie.
55 000 enfants naissent prématurément en France chaque année, soit 7 % des naissances, qui représentent 75 % de la mortalité néonatale et 50 % des handicaps d’origine périnatale. La prise en charge des ces nouveau-nés prématurés s’est améliorée mais pas suffisamment rapidement, regrette la mission d’information, en dessous des niveaux atteints dans les pays du nord de l’Europe.
Du côté des mères, si les décès restent rares (environ 90 par an), les complications physiques ou psychologiques restent fréquentes. A elles seules, les hémorragies du post-partum concernant 10 % des accouchements.
Un système de soins qui n’est pas à la hauteur
Parmi les causes identifiées, on retrouve des facteurs de risques propres à la mère et sa situation sociale :
Age de grossesse plus tardif ;
Obésité et diabète gestationnel (15 % des femmes enceintes) ;
Mauvais état de santé ;
Précarité et vulnérabilité sociales.
Mais les causes sont aussi à chercher du côté du système de soins :
Offre de soins de réanimation néonatale insuffisante (prise en charge moins systématique des extrêmes prématurés) ;
Défaut d’organisation des soins (difficultés à assurer la permanence des soins et des équipes complètes stables) ;
Soins sous-optimaux (risque de 2 fois plus élevé de prise en charge inadéquate de l’hémorragie du post-partum).
Une santé mentale dégradée
Le rapport pointe aussi la santé mentale des jeunes parents qui se détériore. Ainsi 70 % des mères présentent des symptômes du baby blues dans les jours qui suivent l’accouchement, 1 mère sur 5 et 1 père sur 10 souffrent d’une dépression du post-partum. Les suicides, 15 par an, restent la première cause de décès maternels.
Parmi les causes, une femme sur cinq déclare ne pas être satisfaite des informations communiquées sur le post-partum et ne pas avoir bénéficié d’un suivi post-natal. Le rapport pointe notamment le manque d’informations de qualité, laissant les parents démunis face aux soins à apporter à leur nouveau-né.
La mission d’information formule 16 recommandations pour, notamment, mettre un terme à la fin des disparités territoriales, garantir les effectifs des personnels médicaux, améliorer la prise en charge de la santé mentale des jeunes parents… En résumé, « elle préconise une réorganisation de l’offre de soins assurant une sécurisation accrue des accouchements et, parallèlement, un renforcement du suivi en proximité durant la grossesse et après la naissance », résume le site du Sénat.
Pour aller plus loin >>> https://www.senat.fr/travaux-parlementaires/structures-temporaires/missions-dinformation-communes/mission-dinformation-sur-lavenir-de-la-sante-perinatale-et-son-organisation-territoriale.html