Saint-Valentin : une étude révèle les amours étudiantes à l’heure du tout-numérique

Saint-Valentin : une étude révèle les amours étudiantes à l’heure du tout-numérique

Les relations amoureuses jouent un rôle important sur la santé mentale et physique, d’autant plus que la période universitaire est une phase de croissance personnelle et sociale, marquée par le fait d’être, pour la première fois, éloigné de la supervision parentale. Cependant, ce que l’on sait de l’initiation et de la progression de ces relations amoureuses n’a jamais été mis au jour, alors que la société se transforme et que le numérique fait désormais partie intégrante de nos vies. Et de nos histoires d’amour.

La relation amoureuse vue par les étudiants  

Des chercheurs ont examiné la manière dont les étudiants décrivent l’initiation et la progression des relations amoureuses. La question méritait d’être posée. En effet, selon certains auteurs de la culture populaire et des publications en ligne de célibataires découragés, les rencontres sont « cassées », fracturées par l’isolement social créé par la technologie, les confinements liés à la pandémie de Covid-19 et les attentes irréalistes des partenaires potentiels.

Pourtant, ces deux études menées auprès d’étudiants âgés de 18 à 29 ans en 2012 et au début de 2022, donc à une décennie d’intervalle, révèlent que leurs idées sur les relations amoureuses sont restées presque inchangées, bien que les trajectoires de leurs relations aient quelque peu évolué, selon le chercheur principal Brian Ogolsky, professeur en développement humain et études familiales à l’Université de l’Illinois (Urbana-Champaign, Illinois, Etats-Unis).  « Les étudiants de notre étude ne partagent pas cette perception des rencontres comme un système défaillant, malgré de nombreuses évolutions culturelles massives. Leurs perspectives sur les relations aujourd’hui ne sont pas si différentes de celles qu’ils avaient il y a dix ans, ou même dix ans avant cela. En revanche, les jeunes adultes empruntent des trajectoires plus diversifiées et complexes dans leurs partenariats romantiques et envisagent une gamme plus large de résultats. »

La progression typique de la relation amoureuse a-t-elle changé ?

Pas tant que cela, et le numérique n’a pas bouleversé la donne, apprend-on de cette nouvelle publication. A partir des données issues de ces deux études menées à dix ans d’intervalle, les chercheurs ont discerné quatre étapes dans la progression des relations amoureuses, lesquelles sont restées cohérentes au fil des décennies, avec quelques différences mineures.

1 – Le flirtationship

La première étape, que les auteurs ont appelée « flirtationship » – néologisme combinant les mots « flirt » (flirt) et « relationship » (relation) – désigne une phase précoce dans une relation amoureuse où deux personnes éprouvent une attraction et s’engagent dans des échanges de flirt, sans être encore dans une relation officielle. Le flirtationship peut se produire en ligne ou en personne et implique les premiers signes d’attraction, qui sont alimentés par des jeux de séduction et l’exploration d’intérêts communs.

2 – Le potentiel de relation

– Si l’attraction et l’intérêt sont réciproques, les individus testent la seconde étape du développement relationnel « le potentiel de relation ». Ils passent plus de temps ensemble, mettent l’accent sur les activités de communication qui permettent d’évaluer si la relation doit progresser. Les participants de l’étude ont mentionné à plusieurs reprises l’amitié comme base importante des partenariats romantiques, et c’est généralement à cette étape qu’ils ont parlé de rencontres.

« Les jeunes adultes distinguent clairement les rencontres du fait d’être en couple », précise le Pr Ogolsky. « Dans notre étude, nous avons utilisé le terme ‘développement de relation’ mais il est devenu évident que les participants ne considéraient pas les comportements précoces comme faisant partie d’une relation en soi. Au contraire, ils considéraient le flirt et même les rencontres comme faisant partie d’un modèle plus large d’interactions interpersonnelles qui peut, ou non, mener à la formation d’une relation. »

3 – Etre en couple

– Si la romance se concrétise et que l’union progresse vers la troisième étape – à savoir « être en couple » – définir leur union devient important à leurs yeux, par exemple en étiquetant leur statut comme « officiel » et en s’identifiant comme des partenaires. Bien que ceux de la première étude aient moins mentionné l’activité sexuelle, les étudiants des deux études étaient plus enclins à en parler dans le contexte de la définition de la relation. Les chercheurs ont constaté que la majorité des étudiants des deux études sous-entendaient une attente d’exclusivité et de monogamie dans les relations engagées.

C’est au cours de la troisième étape que les plus grandes différences sont apparues entre les croyances des deux groupes d’étudiants. Ceux de l’étude de 2012 étaient plus susceptibles de croire que le chemin typique d’une relation était que les partenaires se fiancent après être devenus officiels. Cependant, ceux de l’étude de 2022 mentionnaient rarement les fiançailles, affirmant plutôt que l’engagement se prend sous des formes plus diversifiées.

« Une autre différence que nous avons trouvée concernait l’intégration des partenaires romantiques dans le cercle social », a ajouté le Pr Ogolsky. « Pour les étudiants de 2012, ce processus se concentrait sur l’introduction du nouveau partenaire auprès des membres de la famille. En revanche, ceux de l’étude la plus récente voyaient cela comme l’intégration du partenaire dans leurs réseaux sociaux plus larges, incluant amis et famille. »

4 – Engagement ou séparation 

– Dans la quatrième étape des relations amoureuses – appelée « engagement ou séparation » – les participants décrivent l’arrivée à un carrefour où les partenaires décident soit de se marier (ou de conclure un autre type d’engagement juridique à long terme), soit de se séparer.

De manière surprenante, malgré la croissance rapide des réseaux sociaux, des applications de rencontre et d’autres plateformes pour rencontrer des partenaires potentiels au cours de la décennie entre les deux études, la technologie n’a pas joué un rôle aussi important de l’avis des participants sur la progression de la relation amoureuse.

« Lorsque nous demandons aux gens de décrire des prototypes de relations, ils ne parlent pas de la technologie », souligne Brian Ogolsky. « Ils pensent aux relations en termes généraux. Nous avons trouvé intéressant que le centre des relations ne soit pas constitué par les applications de rencontres, l’intelligence artificielle ou les robots, ni toutes ces choses que nous aurions pu prédire il y a 25 ou 40 ans. »