Pourquoi le froid augmente-t-il le risque cardiovasculaire ?
Le froid mène sa première offensive de la saison avec des températures souvent proches de zéro degré cette matinée du jeudi 21 novembre. L’air froid affecte l’organisme, diminuant notamment le rôle de barrières contre les infections des muqueuses des voies respiratoires supérieures. On le sait moins, le froid s’en prend aussi aux artères et au cœur. Ainsi, selon une étude publiée dans le British medical journal en 2010, et relayée par la Fédération française de cardiologie, « chaque réduction de température de 1°C est associée à une élévation de 2 % du risque d’infarctus du myocarde dans les 4 semaines qui suivent, les périodes les plus à risque étant les 2 premières semaines ».
Selon quels mécanismes le froid agit-il sur le cœur ?
Hausse de la pression artérielle : le froid sur la peau est détecté par des thermorécepteurs cutanés qui stimulent le système nerveux sympathique et provoque un réflexe de vasoconstriction, la diminution du diamètre des vaisseaux sanguins. Cela permet d’éviter la perte de chaleur mais augmente en même temps la pression artérielle. « Les hivers froids font augmenter la gravité de l’hypertension et font accroître le risque d’évènements cardiovasculaires tels l’infarctus du myocarde et l’AVC chez les hypertendus », avance l’Institut de cardiologie de Montréal.
Rupture des plaques d’athérome : pour rappel, l’athérome est ce dépôt d’une plaque essentiellement composée de lipides (graisses) sur la paroi des artères. « En hiver, la moindre activité physique demande un effort important au cœur, si bien que marcher dans le froid équivaudrait à courir un 100 mètres. Les artères coronaires se contractent (spasme), ce qui peut provoquer une rupture des plaques d’athérome. Cela peut alors induire un accident aigu par thrombose », expliquait en 2019 la Pre. Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille et alors présidente de la Fédération française de cardiologie.
Augmentation de la coagulation sanguine : une coagulation excessive du sang peut entraîner la formation de caillot sanguin. Lorsqu’un caillot obstrue le flux sanguin dans les artères, cela peut entraîner un infarctus ou un accident vasculaire cérébral. Et le froid favorise cette coagulation : « le cœur se met à battre plus rapidement, sa consommation d’oxygène augmente et les vaisseaux se contractent, favorisant la coagulation du sang », explique la Fédération française de cardiologie.
Risque de déshydratation : c’est un autre effet de la vasoconstriction. Outre le fait que l’on a moins tendance à boire lorsqu’il fait froid, la contraction des vaisseaux sanguins est responsable d’une diminution du débit sanguin et de la quantité d’eau transportée dans le sang. Cette déshydratation « réduit la fluidité du sang et demande plus d’effort au cœur pour fonctionner », selon la Fédération française de cardiologie.
Qui sont les personnes à risque ?
Les patients souffrant d’une pathologie cardio-cérébro-vasculaire : hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, antécédent d’infarctus du myocarde, angine de poitrine, revascularisation coronaire ou artérielle (stent, pontage…), maladie des valves cardiaques…, troubles du rythme cardiaque, accident vasculaire cérébral…
Les personnes âgées (plus de 70 ans) : Elles ont en effet plus de difficultés à s’adapter aux variations de température. « Le danger existe avec des températures négatives, mais aussi avec des variations de températures d’un jour à l’autre, en sachant que le vent décuple la sensation de froid et ses méfaits ».
Comment protéger votre cœur du froid ?
La Fédération français de cardiologie livre 5 conseils pour protéger votre cœur et vos artères cet hiver :
1 – couvrez-vous bien chaudement en particulier au niveau des extrémités et de la tête – notamment le visage qui présente une perte de chaleur importante – afin d’éviter le phénomène de vasoconstriction ;
2 – évitez les efforts sans échauffement dans le froid. Il est nécessaire de prendre le temps de s’acclimater aux basses températures ;
3 – limitez vos activités dans le froid lors des pics de pollutions. En effet les microparticules et le monoxyde d’azote augmentent également le risque d’infarctus ;
4 – sensation d’oppression dans la poitrine, palpitation, essoufflement ou douleur thoracique à l’effort, vertiges : consultez au moindre symptôme ;
5 – méfiez-vous du combo froid, stress et tabac : « le stress entraine une augmentation de la fréquence cardiaque. Le froid contracte l’artère coronaire. Le tabac accélère également le cœur, tout en intensifiant encore le rétrécissement de l’artère », développe la Fédération française de cardiologie. Ces trois facteurs ensemble peuvent accélérer l’obstruction des artères.