Opioïdes : l’ANSM alerte sur les nitazènes, une nouvelle classe « particulièrement dangereuse »
Des substances puissantes et dangereuses. Après deux décès en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte lundi 8 juillet sur les nitazènes, de nouveaux opioïdes de synthèse, extrêmement puissants. Dès le mardi 9, ces substances, en circulation croissante, seront inscrites sur la liste des stupéfiants, leur production, vente et usage seront interdits.
Les opioïdes – naturels, partiellement synthétiques ou synthétiques – sont des substances qui agissent sur le système nerveux central. Utilisées comme médicaments anti-douleur, comme la morphine ou le fentanyl, ces substances font également l’objet de ventes et consommations illicites.
« Des risques sanitaires importants »
Les nitazènes, également appelés dérivés benzimidazolés, sont apparus récemment sur le marché des drogues. Selon l’ANSM, la plupart d’entre eux seraient plus puissants que la morphine. Selon le Centre canadien sur les substances et l’usage des substances, certains seraient plusieurs fois plus puissants que le fentanyl. En juin, dans son rapport mondial sur les drogues 2024, l’Office des Nations Unis contre la drogue et le crime (ONUDC) se montrait très préoccupée : « les nitazènes (…) qui se sont répandus sur les marchés d’Amérique du Nord, d’Europe occidentale, d’Amérique du Sud et d’Océanie, suscitent de vives inquiétudes, car ils posent des risques sanitaires importants ». Et d’ajouter : « l’apparition récente de nitazènes très puissants, dont la consommation a entraîné une augmentation du nombre de décès par surdose dans certains pays, montre comment ces substances peuvent rapidement poser problème en termes de santé et de sécurité publiques ».
Des overdoses… même à faible dose
Poudre, comprimé ou liquide, on retrouve les nitazènes, dans des sprays nasaux ou des e-liquides, seuls ou associés à d’autres substances psychoactives. Les usagers en consomment parfois à leur insu, sans pouvoir en mesurer la quantité. « Ils ont été détectés dans des échantillons supposés d’héroïne, de fentanyl, de cocaïne, de kétamine ou encore dans des médicaments contrefaits. Ils sont injectés, inhalés ou consommés par voie nasale ou rectale », explique l’ANSM.
Les nitazènes peuvent provoquer des overdoses, parfois brutalement, peu de temps après la prise et même à faible dose. Ces overdoses, qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital du fait de la puissance du produit, associent des troubles de la conscience, dépression respiratoire, myosis (pupille rétrécie), une somnolence pouvant aller jusqu’au coma et entraîner le décès. L’usage chronique des nitazènes expose à un risque de tolérance, avec la nécessité d’augmenter les doses pour obtenir les effets escomptés, et de dépendance.
La naxolone, antidote contre les overdoses
En cas d’overdose, l’ANSM recommande de :
Contacter immédiatement les urgences ;
En cas de possession de naxolone, l’antidote contre une intoxication, l’administrer à la personne ;
Maintenir la personne éveillée.
« En cas d’inefficacité et / ou de suspicion d’une overdose aux nitazènes, compte tenu de leur puissance d’action, et de l’effet de courte durée de la naloxone, il est important de répéter l’administration de naloxone », souligne l’ANSM qui recommande aux usagers de se munir de plusieurs kits de naxolone.
« Un premier cluster de cas en France a été identifié par le réseau d’addictovigilance à partir de début 2023. En Angleterre et en Europe de l’Est, plusieurs dizaines de décès en lien avec des nitazènes ont déjà été rapportés depuis 2023. Deux cas de décès ont été rapportés en France », rapporte l’agence sanitaire.