Mon ado regarde du porno : ne pas banaliser et en parler
« Chaque mois, 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques, un chiffre en croissance rapide au cours des dernières années », informe une étude de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). « Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons se rend en moyenne chaque mois sur ces sites. » Et d’après Vincent Joly, psychologue pour enfants et adolescents à Paris, les filles sont aussi de plus en plus nombreuses à les fréquenter. L’accessibilité à ces images grâce à Internet a réduit l’âge de première exposition. « Ils peuvent tomber dessus par hasard, seuls ou avec des camarades », explique-t-il. Les sites devraient respecter la loi, qui interdit l’accès des mineurs aux sites pornographiques. Or actuellement, le contrôle à l’entrée de ces plateformes reste minime puisqu’il suffit de déclarer – sans aucune vérification – avoir 18 ans.
Prévention, anticipation
Ces images peuvent avoir principalement deux effets sur les jeunes. Certains peuvent tenter de mimer le comportement des personnages. Ce qui peut conduire de façon caricaturale à une violence de la part des garçons et à l’acceptation de la violence pour les filles. L’autre effet, « bien plus répandu, consiste à développer des complexes », ajoute Vincent Joly. Des complexes pouvant être esthétiques et liés à la performance. « Fort heureusement ce n’est pas le cas de la majorité », rassure-t-il.
« Même si ces images ne devraient pas être accessibles, les parents sont obligés de composer avec ce monde et d’accompagner leurs enfants et leurs ados face à cette situation », poursuit Vincent Joly. Pour cela il est important d’avoir à l’esprit que « cela arrive toujours plus tôt que prévu » et que c’est en réalité inévitable. Alors n’attendez pas que votre enfant soit déjà adolescent pour en parler avec lui.
« Expliquez-lui qu’il s’agit de cinéma, qu’avant tout, ce n’est pas le reflet de la réalité », conseille-t-il. Dans ces vidéos, il manque « les sentiments et les émotions ». D’autant qu’il y a sur ces plateformes, des images de pratiques extrêmes et violentes qu’il ne faut pas banaliser. « Expliquez-lui pourquoi vous utilisez un contrôle parental sur ses écrans », poursuit-il.
Et s’il est dans une consommation fréquente, régulière, voire excessive ? « Le plus important est de ne surtout pas faire comme si vous ne voyiez pas ce qui se passe », insiste-t-il. « Parlez-en avec lui, et pensez à en parler avec d’autres parents, qui sont peut-être confrontés à la même situation. » Enfin, inutile de le forcer à consulter, il risque de refuser le dialogue et se sentir honteux. En revanche, « les parents peuvent consulter eux pour en parler et essayer de trouver des clés avec une aide professionnelle extérieure », recommande-t-il.