Ménopause : prenez soin de votre cœur
Que l’on soit homme ou femme, le risque de maladie cardiaque augmente avec l’âge. C’est particulièrement vrai pour les femmes. La « transition de la ménopause », est une période de risque accru de maladies cardiaques, comme l’avait rappelé l’Association américaine du cœur (American Heart Association) dans la revue scientifique Circulation en 2020.
« En réalité, les maladies cardiaques causent plus de décès que tous les cancers réunis », déclare le Dr Garima Sharma, de l’Association américaine du cœur (AHA). « Une femme sur 39 aux États-Unis meurt du cancer du sein chaque année, tandis qu’une sur trois décède de maladies cardiovasculaires. Nous savons que la ménopause joue un rôle important dans le risque de maladie cardiovasculaire chez les femmes. »
En France, les maladies cardiovasculaires tuent encore 200 femmes par jour, 76 000 femmes par an. C’est la première cause de mortalité chez elles.
Le risque de maladie cardiaque augmente à l’approche de la ménopause
Les années de péri-ménopause sont particulièrement critiques pour reconnaître et gérer le risque accru de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux. « Une bonne santé cardiovasculaire avant d’entrer en ménopause peut réduire les risques ultérieurs », révèle Garima Sharma, directrice de la santé cardiovasculaire féminine et de la cardio-obstétrique au Inova Health System à Fairfax, un grand réseau de soins de santé à but non lucratif basé en Virginie, aux États-Unis.
De nombreuses études ont mis en évidence les risques accrus de maladies cardiovasculaires pendant la ménopause :
– 1 femme ménopausée sur 4 pourrait développer des arythmies cardiaques, comme la fibrillation auriculaire. Les événements de vie stressants et l’insomnie accentuent ce risque ;
– l’obésité augmente considérablement le risque d’insuffisance cardiaque chez les femmes ayant eu une ménopause tardive (à 55 ans ou plus) ;
– les femmes ayant vécu une ménopause précoce (avant 40 ans) ont un risque accru de 40 % de développer une maladie coronarienne au cours de leur vie, selon une étude parue en 2022 ;
– l’isolement social et la solitude peuvent augmenter de 29 % le risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes post-ménopausées, estime l’AHA ;
– des données récentes montrent une inversion des associations entre le cholestérol HDL (le « bon cholestérol ») et le risque de maladies cardiaques durant la transition ménopausique, suggérant que des niveaux élevés de bon cholestérol ne reflètent pas toujours une bonne santé cardiaque. Ne pas s’y fier après la ménopause !
Les facteurs de risque s’aggravent à la ménopause
La ménopause en elle-même ne cause pas de maladies cardiovasculaires. Cependant, durant cette transition, les femmes subissent plusieurs changements pouvant affecter leur santé cardiovasculaire, notamment une baisse des niveaux d’œstrogènes, une augmentation du taux de LDL cholestérol (le « mauvais »), une modification de la structure de la paroi des vaisseaux sanguins dans le sens d’un durcissement ou au contraire d’un relâchement, mais aussi une augmentation des triglycérides, de l’acide urique, de l’hémoglobine et des enzymes hépatiques.
Lorsque les œstrogènes diminuent à la ménopause, les cellules subissent une dégradation, ce qui favorise la formation de plaques d’athérome. Ces dépôts progressifs de lipides se développent sur la paroi interne des artères, rendant celles-ci plus rigides. À terme, ces plaques peuvent obstruer l’artère, entraînant un infarctus du myocarde.
De plus, les changements physiologiques durant la ménopause, tels qu’une augmentation de la graisse abdominale mais aussi la graisse viscérale (autour des organes), sont associés à un risque accru de mortalité par toutes causes, de maladies cardiovasculaires et de cancer, même chez celles ayant des niveaux d’indice de masse corporelle normaux.
Enfin, certains des symptômes courants liés à la ménopause sont corrélés aux maladies cardiovasculaires. Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes sont associées à des niveaux de facteurs de risque cardiovasculaire plus élevés. La dépression et les troubles du sommeil, également liés dans certaines études à un risque accru de maladies cardiaques, sont fréquents chez les femmes pendant cette période.
Pour en savoir plus : Agir pour le cœur des femmes