Médicaments : entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros gaspillés par an

Médicaments : entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros gaspillés par an

Des médicaments non utilisés et pourtant jetés, des prescriptions inadaptées, des conditionnements inadéquats… Ces pratiques coûtent cher à notre système de santé et ont un impact environnemental non négligeable. Dans un rapport récent, la Cour des comptes analyse ce phénomène et les chiffres sont alarmants. Selon les estimations, la valeur des médicaments non utilisés et jetés en ville représentait entre 561 millions et 1,735 milliards d’euros par an (selon que sont inclus ou non les médicaments les plus onéreux).

« Il est indispensable de mieux connaître et maîtriser les modalités de prescription et de dispensation des produits de santé », souligne le rapport, qui recommande la mise en place d’études de caractérisation des déchets en ville et une remontée d’information centralisée dans les établissements de santé.

Des enjeux au-delà du gaspillage

L’utilisation inappropriée des produits de santé ne se limite pas à un problème économique. L’impact environnemental est également considérable. Le secteur sanitaire et médico-social représente entre 8 et 10 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. De plus, la présence croissante de résidus médicamenteux dans les eaux pourrait entraîner à l’avenir une hausse des coûts de traitement des eaux usées.

En outre, les enjeux sanitaires du bon usage des produits de santé demeurent essentiels. Au cours des dernières décennies, des crises de santé publique ont eu pour origine directe un usage inapproprié de médicaments, comme le benfluorex (affaire du Médiator) ou les contraceptifs oraux combinés de 3ème et 4ème générations prescrits en première intention. Ce mauvais usage peut se traduire pour le patient par des effets indésirables, allant de simples inconforts à des réactions plus graves, y compris mortelles.

Des solutions concrètes à tous les niveaux

Pour remédier à toutes ces situations, la Cour des comptes propose plusieurs pistes d’action. Notamment le fait de renforcer le rôle des pharmaciens dans la substitution de médicaments génériques et dans la réalisation de tests rapides, comme ceux permettant de déterminer si une angine est d’origine virale ou bactérienne et si elle nécessite réellement des antibiotiques.

Des actions doivent également être menées auprès des industriels pour les inciter à adapter les conditionnements des médicaments (afin d’éviter la délivrance d’un volume de médicaments surévalué par rapport à la posologie) et à optimiser les délais de péremption parfois trop courts.

Dans une perspective durable, la Cour recommande aussi d’élargir les possibilités de réutilisation des produits de santé, notamment par la re-dispensation des médicaments les plus onéreux et le réemploi de certains dispositifs après remise en état.