Lutte contre l’antibiorésistance : le rôle central de la vaccination
Selon un rapport de l’OMS publié jeudi 10 octobre, la vaccination contre 24 agents pathogènes pourrait réduire de 22 % le nombre d’antibiotiques, soit 2,5 milliards de doses quotidiennes prescrites chaque année dans le monde. Un argument de poids, selon l’OMS, dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens (RAM).
Selon l’OMS, plus de 5 millions de décès sont associés chaque année dans le monde à la RAM qui rend plus difficiles le traitement des patients. En cause, des bactéries, virus, champignons et parasites qui ne sont plus sensibles aux médicaments antimicrobiens. « La RAM est principalement causée par la mauvaise utilisation et la surutilisation des antimicrobiens, alors que, dans le même temps, de nombreuses personnes dans le monde n’ont pas accès aux antimicrobiens essentiels », note l’OMS.
Pneumonie, typhoïde, paludisme, tuberculose…
C’est là que les vaccins jouent un rôle majeur : ils préviennent les infections et réduisent le recours et la surutilisation aux antibiotiques. In fine, ils ralentissent l’apparition et la propagation d’agents pathogènes résistants aux antibiotiques.
L’OMS parle de vaccins déjà existants mais aussi toujours en cours d’élaboration. « Les vaccins déjà utilisés contre la pneumonie à pneumocoques, Haemophilus influenzae type B (la bactérie Hib, responsable de pneumonies et de méningites) et la typhoïde pourraient éviter jusqu’à 106 000 décès associés à la RAM chaque année », note l’agence onusienne sanitaire dans un communiqué.
Une utilisation optimale des vaccins existant pourraient permettre l’économie de :
33 millions de doses d’antibiotiques pour le vaccin contre le Streptococcus pneumoniae (responsable de nombreuses maladies (otites, pneumonies, méningites…) ;
45 millions de dose pour le vaccin contre la typhoïde ;
25 millions de doses pour le vaccin contre le paludisme.
730 milliards de dollars d’économie
Pour ce qui est des vaccins en cours d’élaboration, « 543 000 décès supplémentaires associés à la RAM pourraient être évités chaque année quand les nouveaux vaccins contre la tuberculose (TB) et Klebsiella pneumoniae seront développés et déployés à l’échelle mondiale ». Ainsi, les vaccins contre la tuberculose pourraient avoir l’impact le plus important une fois qu’ils seront développés, permettant d’économiser entre 1,2 et 1,9 milliard de doses d’antibiotiques
Côté finances, l’OMS estime à 730 milliards de dollars la baisse des dépenses hospitalières réalisées chaque année avec une meilleure vaccination.
Lors de la dernière Assemblée générale des Nations Unies, les dirigeants ont approuvé une réduction de 10 % d’ici 2030 du nombre de décès associés chaque année à la RAM. Pour y parvenir, « une approche complète et centrée sur les personnes, appliquée à travers les systèmes de santé, est nécessaire pour prévenir, diagnostiquer et traiter les infections. Cette approche reconnaît la vaccination comme un élément central de la prévention de la RAM, et elle est particulièrement efficace lorsqu’elle est combinée à d’autres interventions ».