Les règles, mal vécues par 3 sportives sur 4
Une enquête réalisée à l’occasion des Jeux Olympiques 2024 auprès des équipes féminines de rugby françaises révèle que 75 % de ces sportives ont un vécu négatif de leurs règles : elles sont trop abondantes pour 20 % d’entre elles mais aussi douloureuses et gênantes pour l’entraînement pour 44 %. Par ailleurs, beaucoup se plaignent du syndrome prémenstruel, avec fatigue, manque d’énergie, ballonnement, prise de poids, irritabilité, etc. Cette enquête indique également que seulement 54 % de ces jeunes femmes ont parlé de ces problèmes à des médecins.
Comment gérer les règles abondantes ?
De nombreuses jeunes sportives ont des règles abondantes sans même le savoir, faute de points de comparaison. Plusieurs questions permettent d’identifier des règles abondantes : la durée des règles en nombre de jours, le nombre de protections utilisées quotidiennement, et la présence de fatigue ou d’autres signes d’anémie même légère (pâleur, faiblesse, essoufflement, manque de concentration, ongles cassants, maux de tête, vertiges…).
Les règles sont considérées comme abondantes si leur durée excède 7 jours et/ou si la quantité totale de sang perdu est supérieure à 80 ml par jour, ce qui correspond environ à 5 coupes menstruelles de taille moyenne remplies, ou plus de 5 tampons « super plus », ou plus de 5 serviettes hygiéniques « super plus » remplies.
Le score de Higham permet d’établir la quantité de sang perdu et de déterminer si les règles sont abondantes ou non. Lorsque cette évaluation confirme que la jeune sportive présente des règles abondantes, un bilan biologique, accompagné d’une échographie pelvienne pour examiner la muqueuse utérine, est recommandé. Si celle-ci est épaisse, les règles abondantes sont souvent dues à un déséquilibre hormonal, avec un excès de sécrétion d’estrogènes (on parle d’hyperœstrogénie relative) et un déficit en progestérone par rapport à la sécrétion d’œstrogènes.
Selon le Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP), des traitements hormonaux, comme la prescription de progestérone pendant la deuxième partie du cycle durant 10 à 15 jours, peuvent corriger ce déséquilibre. Il est possible d’y associer un médicament pour limiter les saignements lors des règles. Certains contraceptifs qui augmentent le volume des règles doivent être évités. En cas d’anémie, une supplémentation en fer est nécessaire.
Règles douloureuses, quelles stratégies ?
Les douleurs menstruelles peuvent affecter les performances pendant l’entraînement ou lors des compétitions. Une enquête menée par l’INSEP auprès de 400 sportives a révélé qu’un tiers d’entre elles avaient des douleurs acceptables pendant les règles, un tiers avait besoin d’un traitement antalgique (un tiers n’avait pas répondu). Or les douleurs lors des règles ne sont pas inéluctables.
La première étape est d’évaluer la douleur. Celle-ci se fait notamment à l’aide d’échelles analogiques (EVA), comme une réglette graduée de 0 à 10. Lorsque les douleurs sont évaluées entre 1 et 3, elles sont considérées comme légères. Ces douleurs seront probablement atténuées par l’entraînement, qui stimule la production d’un neurotransmetteur cérébral, l’endorphine. L’endorphine, un équivalent endogène des morphiniques, est sécrétée pendant l’exercice physique, dès 30 minutes d’entraînement.
Lorsque la douleur se situe entre 4 et 6, elle est dite modérée. Elle sera moins atténuée par l’entraînement et peut justifier la prescription d’un anti-inflammatoire ou d’un autre antalgique, dans le respect des contre-indications et des contrôles antidopage.
Enfin, si les douleurs se situent à 7 ou au-delà, elles sont alors qualifiées de sévères. Un bilan sera entrepris, avec éventuellement une recherche d’endométriose, et dans tous les cas, une prise en charge sera assurée.
Comment éviter les règles en compétition ?
Pour diverses raisons telles que la douleur, l’abondance ou simplement la commodité, de nombreuses sportives, moins de la moitié dans certaines études, souhaitent retarder ou supprimer leurs règles pendant les compétitions. Pour répondre à cette demande, si la femme prend une contraception œstroprogestative, il suffit de ne pas faire la pause habituelle entre chaque plaquette, mais de prendre la pilule en continu. Si elle ne prend pas la pilule, un médecin peut prolonger son cycle menstruel en prescrivant de la progestérone jusqu’à la fin des représentations ou compétitions.