Les gros mots chez les enfants : un phénomène naturel à apprivoiser
Pipi, caca et compagnie
« Caca boudin » apparaît souvent comme le premier gros mot prononcé par le jeune enfant, généralement entre 2 et 3 ans. « Il le prononce avec jubilation et sans aucune agressivité envers autrui, ce qui est très naturel puisqu’il est en plein apprentissage de la propreté », explique le pédopsychiatre Marcel Rufo, dans son livre Elever son enfant. « Ce qui est au fond de son pot ou des toilettes, il aimerait bien y toucher, jouer avec… mais voilà, c’est interdit. Il va donc transgresser cet interdit en jouant avec les mots. »
Vers 4 ans, un vocabulaire plus grossier
Avec l’âge, l’enfant délaissera ces expressions simples pour emprunter davantage les gros mots des adultes. « Vers 4 ans, son vocabulaire devient beaucoup plus grossier », indique le Pr Rufo. « Il emploie souvent des mots dont il ignore la signification réelle. Les jurons se diversifient et on se les échange entre camarades à la récréation. »
Ces gros mots peuvent parfois être destinés à d’autres enfants. « À l’école, ils servent à exprimer une agressivité. À la maison, une recherche d’indépendance face à l’autorité parentale », analyse le spécialiste. Il s’agit d’une forme de test des limites imposées par l’adulte.
Apprendre les bonnes manières
Pour les parents, le défi consiste alors à fixer les règles d’utilisation de ces termes vulgaires. « Certains estiment qu’il faut laisser le jeune enfant extérioriser son agressivité pour éviter une explosion plus tard », nuance le Pr Rufo. « Toutefois, il est conseillé d’indiquer clairement à l’enfant que vous n’appréciez pas l’usage des gros mots à la maison. »
Normalement, plus l’enfant grandit, plus il apprend à réguler son vocabulaire. « Il apprend à censurer ses gros mots et à les utiliser à bon escient », conclut l’expert. Une étape indispensable vers la maîtrise du langage et des bonnes manières.