Les Français sont-ils fâchés avec la marche à pied ?

Les Français sont-ils fâchés avec la marche à pied ?

Le secteur des transports en France est le premier contributeur aux émissions de gaz à effet de serre (environ 33 % en 2023). La pollution de l’air est responsable de 40 000 décès prématurés chaque année. Dans ce contexte, l’Adème publie une série d’études sur les pratiques de mobilité actives et partagées et leurs bénéfices. Pour la première fois, l’agence chiffre l’impact de la marche sous l’angle économique et sanitaire et les bénéfices majeurs qu’entraînerait une augmentation de la part des trajets effectués à pied. Et sa conclusion est la suivante : marcher plus, c’est mieux pour la santé et l’économie.

Les Français ont-ils l’habitude de marcher ?

Après une forte baisse de la part modale de la marche (c’est-à-dire la proportion qu’elle occupe dans l’ensemble des trajets réalisés) dans les années 80, celle-ci s’est stabilisée à environ 23 % depuis 30 ans. Elle dépend toutefois beaucoup de l’âge (les moins de 18 ans et plus de 65 ans marchent deux fois plus que le reste de la population) et du type de territoire : on marche deux à trois fois moins en milieu rural qu’en agglomération.

Le potentiel de développement d’une mobilité fondée sur la proximité est considérable : 76 % des Français résident à moins de 4 km des équipements essentiels (commerces, écoles, cabinets médicaux…), une distance réalisable en 15 minutes à vélo. Mais tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne : cela concerne 99 % de la population urbaine, 93 % de la population périurbaine et 36 % de la population rurale.

Spécifiquement pour la marche, la proportion de personnes vivant à moins de 15 minutes à pied (environ 1 km) de ces équipements atteint 70 % en ville, 32 % en périurbain et 8 % en zone rurale.

1 h 12 de marche par jour

En France, la durée moyenne de marche atteint 1 h 12 par jour : 12 minutes consacrées aux déplacements quotidiens à pied, 18 minutes dédiées à la marche de loisir (randonnée, activité sportive), et 42 minutes effectuées dans les espaces privés.

Marcher plus : + 57 milliards d’euros pour la santé et l’économie française

Les déplacements à pied génèrent des bénéfices économiques et sociaux estimés à 57 milliards d’euros par an. Les gains les plus marqués concernent l’efficacité des actifs (productivité accrue, baisse de l’absentéisme et du turn-over), évaluée à 20 milliards d’euros, ainsi que l’amélioration de la santé (17 milliards d’euros), notamment.

Pour les auteurs, « ces résultats montrent que la marche dépasse largement sa fonction de simple mode de déplacement. Une progression de la part modale de la marche, passant de 24 % actuellement (chiffres 2019) à 30 %, apporterait un bénéfice économique supplémentaire d’environ 35 milliards d’euros pour l’économie nationale. »

Encore faut-il que le développement d’infrastructures favorables à la marche et au vélo concerne tous les territoires, et non les seules zones urbaines. Pour encourager réellement ces pratiques, concluent les chercheurs, les politiques publiques doivent promouvoir des modes de vie de proximité, en facilitant l’accès aux commerces, aux emplois, aux lieux de loisir et de sport, et en travaillant sur l’articulation entre habitat et emploi. A cette intention, la poursuite des politiques actuelles de valorisation et de revitalisation des centres-bourgs apparaît également comme un levier essentiel.