Les enfants en surpoids sont plus à risque de déficience en fer
Traditionnellement associées à la dénutrition, des preuves de plus en plus nombreuses confirment que des carences en micronutriments, et en particulier en fer, peuvent exister même en cas d’alimentation abondante. Ainsi, un travail a passé en revue des milliers d’études médicales provenant de 44 pays portant chez des enfants et adolescents, où les niveaux de fer et d’autres vitamines et minéraux avaient été enregistrés parallèlement au poids.
Sous-poids et surpoids, de potentielles carences en fer chez les enfants et adolescents
En effet, la suralimentation – à l’origine d’un surpoids ou d’une obésité – augmente les risques de déficience en fer de plus de 50 % en moyenne, et encore plus chez les enfants ayant une obésité – jusqu’à 88 % de risque en plus. Les chercheurs ont constaté une courbe en « U inversé » : plus le poids augmente, plus le statut en fer diminue. Et plus les enfants sont dénutris, plus le statut en fer diminue.
« Le fardeau de la déficience en fer n’est pas suffisamment reconnu, notamment chez les enfants et les jeunes vivant dans un contexte de suralimentation », commentent les auteurs de l’École des sciences de l’alimentation et de la nutrition de l’Université de Leeds. En revanche, les carences en zinc et en vitamine A n’étaient observées que chez les enfants qui étaient sous-alimentés. Ils en concluent que la carence en fer chez les enfants en excès de poids est probablement due à une inflammation perturbant les mécanismes qui régulent l’absorption du fer.
L’auteur principal, le Dr Xiaomian Tan, ajoute : « historiquement, le problème de la carence en fer a été lié à la malnutrition. De plus en plus cependant, on reconnaît que les carences en vitamines et minéraux peuvent également survenir chez les personnes en surpoids et obèses qui ont un régime alimentaire pauvre en éléments nutritifs mais riche en énergie. De nombreux pays en développement sont donc confrontés au double fardeau malnutrition – suralimentation en raison de l’augmentation rapide de la prévalence mondiale de l’obésité au cours des dernières décennies, en particulier chez les enfants de cinq à 19 ans. »
Des conséquences cérébrales chez l’enfant, et cardio-métaboliques à long terme
La carence en fer chez les enfants a un effet négatif sur la fonction cérébrale, y compris l’attention, la concentration et la mémoire, et peut augmenter le risque de pathologies telles que l’autisme et le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Elle est déjà reconnue comme un problème chez les adultes en situation d’obésité, mais cette méta-analyse est la première à examiner l’association chez les enfants.
« À l’âge de 11 ans au Royaume-Uni, un enfant sur trois vit avec un surpoids ou une obésité (18 % des enfants de 2 à 7 ans et 6 % des 8 – 17 ans en France, ndlr), et nos données suggèrent que même chez les enfants en surpoids, l’inflammation entraînant une carence en fer peut poser un problème », souligne le Pr Bernadette Moore, qui a supervisé la recherche. Car, outre les conséquences développementales, « l’inflammation prolongée fait le lit des maladies cardiaques, du diabète et de la stéatose hépatique (graisse dans le foie, ndlr) ».
Il a été démontré qu’augmenter l’activité physique et modifier le régime alimentaire réduit l’inflammation et améliore le statut en fer chez les enfants.
L’insuffisance d’apport en fer peut être diagnostiquée en dosant deux protéines du sang : l’hémoglobine et la ferritine, une protéine dont la concentration sanguine permet d’évaluer l’état des réserves de l’organisme en fer. Le traitement d’une carence en fer repose en premier lieu sur un apport de fer par la prise de comprimés (ou de sirop pour les enfants).