Le « syndrome de La Havane » : une énigme médicale

Le « syndrome de La Havane » : une énigme médicale

Tout a commencé à l’ambassade américaine de La Havane, à Cuba, où des diplomates ont signalé des symptômes pour le moins étranges : acouphènes, maux de tête, sensation de pression dans le crâne, et même dans certains cas plus graves, troubles de la vue, déficits cognitifs et pertes de mémoire.

Ces symptômes, souvent associés à la perception de bruits forts et soudains, ont rapidement fait craindre une attaque ciblée contre le personnel diplomatique américain.

L’affaire a ensuite pris de l’ampleur : près de 1 500 employés du gouvernement américain ont déclaré avoir été victimes de ce syndrome mystérieux à travers le monde (Europe, Asie, Australie…). Certains responsables politiques ont alors évoqué la possibilité d’attaques soniques –via des armes acoustiques qui génèrent des sons ou des ultra-sons – orchestrées par des puissances étrangères comme la Russie ou la Chine.

Le mystère reste entier

Malgré des années d’enquêtes intensives menées par les agences de renseignement, les départements d’État et de la Défense, et des experts médicaux, l’origine exacte du syndrome reste insaisissable.

Deux rapports majeurs publiés en 2020 par l’Académie nationale des sciences et le Journal of the American Medical Association (JAMA) ont identifié quatre causes possibles : l’énergie radiofréquence dirigée contre les diplomates américains (cause la plus probable selon l’Académie des sciences), des agents chimiques, des agents infectieux, et des facteurs psychologiques et sociaux.

Cependant, malgré des recherches approfondies, y compris des examens cérébraux des personnes touchées, aucune preuve clinique n’a pu être apportée pour étayer l’existence de ce syndrome. Ainsi, début 2024, une étude des National Institues of Health (NIH) n’a trouvé aucune preuve significative de lésion cérébrale détectable par IRM ou d’anomalies biologiques qui expliqueraient les symptômes.

Le mystère reste donc entier. Certains experts penchent enfin pour une explication plus prosaïque : un phénomène de psychologie de groupe, amplifié par le stress et des facteurs sociaux.