Le suicide, première cause de mortalité maternelle en France

Le suicide, première cause de mortalité maternelle en France

Pour la période 2016-2018, 272 décès maternels ont été identifiés sur le territoire français par l’équipe de recherche en épidémiologie obstétricale périnatale et pédiatrique (EPOPé) de l’Inserm, avec le soutien de Santé publique France. Cette 7e édition s’appuie sur les données de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) et porte sur le triennat 2016-2018.  

Cela représente environ 90 décès annuels, soit 1 décès tous les 4 jours en France d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites. Ce nombre de 272 femmes décédées correspond à un ratio de mortalité maternelle (RMM) de 11,8 décès jusqu’à un an après la fin de la grossesse.  

Les causes cardiovasculaires devant les hémorragies obstétricales qui se stabilisent  

Si les chiffres de la mortalité maternelle demeurent constants par rapport aux années précédentes, un résultat marquant est la place prépondérante des suicides et causes psychiatriques de décès qui se confirme pour la période 2016-2018. Ce sont désormais la première cause de mortalité maternelle considérée jusqu’à un an (17 %), avec un RMM de 1,9/100 000 naissance vivantes, soit environ un décès maternel de cause psychiatrique toutes les trois semaines. 

Si l’on considère les 12 mois suivant l’accouchement, le taux de suicide double donc celui des maladies cardiovasculaires en tant que cause de décès maternels. Cependant, les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de mortalité (14 % des décès maternels) au cours des 42 jours suivant la fin de la grossesse.  

Quant aux hémorragies obstétricales, qui étaient encore la première cause de mortalité maternelle il y a une décennie, elles se stabilisent (0,9/100 000 naissances vivantes) à un niveau deux fois plus bas qu’il y a une quinzaine d’années. Ainsi, au cours de la période 2016-2018, les thromboembolies veineuses, les embolies amniotiques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les hémorragies sont parmi les autres causes les plus fréquemment observées, avec un ratio moyen d’environ 0,9 décès pour 100 000 naissances vivantes. 

Les femmes âgées de plus de 35 ans plus à risque 

Le risque de mortalité maternelle augmente avec l’âge des femmes, comparativement à celles âgées de 20 à 24 ans. En effet, le risque relatif est de 1,4 pour cette tranche d’âge, puis il monte à 2,6 pour les femmes âgées de 35 à 39 ans, et atteint 5,3 chez les femmes de plus de 40 ans. 

Outre l’âge, diverses autres caractéristiques exposent les femmes à un risque accru de mortalité maternelle. Par exemple, les femmes nées en Afrique subsaharienne présentent un risque 3,1 fois plus élevé que celles nées en France. De plus, l’obésité et la vulnérabilité socio-économique accentuent ce risque : les femmes souffrant d’obésité ont un risque de mortalité maternelle deux fois plus élevé que celles ayant un poids normal (26 % contre 13 %), tandis que les femmes vulnérables ont un risque de 34 % contre 22 % pour celles qui ne le sont pas. 

Enfin, la localisation géographique joue un rôle important. Les départements et régions d’outre-mer présentent un risque de mortalité maternelle doublé par rapport à la moyenne métropolitaine. Cependant, ce ratio tend à diminuer par rapport aux études antérieures. En métropole, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Hauts-de-France et Île-de-France affichent des taux de mortalité maternelle compris entre 13 et 14,5 pour 1000 naissances vivantes, proches de ceux des DROM. En revanche, la région Occitanie présente le ratio le plus bas du pays, avec moins de 7 décès pour 100 000 naissances vivantes. 

30 messages clés pour améliorer la situation 

Les auteurs estiment que « 60 % des décès maternels sont probablement (pour 17 %) ou possiblement (pour 43 %) évitables », le facteur le plus souvent impliqué étant l’inadéquation des soins prodigués. Le comité d’experts a donc produit un document de 30 messages clés pour améliorer la prévention, le dépistage et la coordination des soins. Il est stipulé que « les facteurs de risque, personnels et familiaux, de dépression périnatale doivent être connus des professionnels et recherchés tout au long du suivi de la grossesse et du postpartum » ou encore que « toute symptomatologie respiratoire » doivent conduire à rechercher une origine cardiaque.