Le Sida en France : qui sont les personnes qui développent la maladie ?
L’infection par le VIH est aujourd’hui maîtrisable. Grâce aux traitements, les patients peuvent vivre plus longtemps et en bonne santé. Cependant, s’ils ne sont pas pris en charge, l’infection peut affaiblir leur système immunitaire ou évoluer vers le syndrome d’immunodéficience acquise. En clair, le Sida. Comme le précise l’Institut Pasteur, « si aucun traitement n’est suivi, le Sida apparaît environ sept ans après l’infection par le VIH ».
Près de 800 cas par an
Le nombre de nouveaux diagnostics de Sida a connu une diminution encourageante, passant d’environ 1 200 cas en 2012 à 750 en 2020. Toutefois, depuis cette date, les chiffres se sont stabilisés autour de 800 cas annuels, une tendance qui interroge face aux objectifs d’élimination du VIH/Sida d’ici 2030.
Le diagnostic tardif, un enjeu majeur
L’étude révèle un constat alarmant : 62 % des personnes diagnostiquées ignoraient leur séropositivité avant de développer le Sida. Une information inquiétante dans la mesure où cette situation favorise la transmission du virus dans la population. Les personnes non traitées ont en effet une charge virale élevée, elles sont plus à risque de transmettre le VIH.
Tout aussi préoccupant, 18 % des patients, bien que conscients de leur séropositivité, n’avaient pas reçu de traitement antirétroviral.
Un profil des patients en évolution
Plus des deux tiers (69 %) des personnes ayant développé un Sida entre 2012 et 2023 étaient des hommes cisgenres (le genre ressenti correspond au genre assigné à la naissance). Près des deux tiers des cas (63 %) avaient été contaminés lors d’un rapport hétérosexuel, 29 % par rapport entre hommes et 5 % à l’occasion d’usage de drogues injectables.
La moitié des cas diagnostiqués concernait des personnes nées en France, avec une augmentation notable de la proportion des patients âgés de plus de 50 ans.
L’étude souligne enfin que parmi les patients nés à l’étranger et non traités, le délai médian entre leur arrivée en France et le diagnostic était de 8 ans, « délai qui aurait pu permettre un lien vers le soin après un premier test VIH positif », notent les auteurs. Lesquels précisent que « c’est la preuve qu’il reste des personnes que les programmes de dépistage n’arrivent pas à atteindre. Une trop grande part connaissait leur séropositivité, donc n’avait pas rejoint le système de santé. À l’heure où l’accès aux soins des migrants en situation irrégulière grâce à l’Aide médicale d’État (AME) est menacé, ces chiffres mettent en évidence la nécessité de maintenir ce dispositif dans le cadre de l’éradication du VIH. »