La péridurale : des bénéfices pour la mère ?
Une grande étude écossaise sur plus de 500 000 femmes vient de démontrer que la péridurale permet une diminution de la morbidité maternelle sévère, et celle-ci est de taille puisqu’elle atteint 35 % en moyenne. Par morbidité, on entend toute complication de santé chez la mère liée à l’accouchement : problèmes respiratoires tels que la ventilation, une trachéotomie, le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) ou d’autres complications respiratoires, mais également une transfusion sanguine importante, une hystérectomie non planifiée, un sepsis (inflammation généralisée de l’organisme suite à une infection grave et mettant la vie en danger) ou des complications liées à l’anesthésie, etc.
La péridurale : la morbidité maternelle sévère réduite d’un tiers
Cette étude publiée dans le prestigieux British medical Journal a porté sur 567 216 naissances en Écosse (entre 2007 et 2019), dont 22 % ont eu lieu avec une péridurale. Les événements graves ont été pris en compte s’ils survenaient entre la date de l’accouchement et 42 jours après.
La morbidité maternelle sévère est réduite d’un tiers grâce à la péridurale, et, en combinant la morbidité maternelle sévère au risque d’admission en soins intensifs, la réduction du risque atteint 54 %.
Pourquoi ? Si la péridurale est associée à une moindre morbidité maternelle, c’est, estiment les auteurs du département d’obstétrique de l’hôpital royal de Glasgow, peut-être grâce aux soins associés à la péridurale, qui comprennent une surveillance médicale plus attentive, la réduction du stress et l’évitement d’une anesthésie plus agressive. Lors d’une césarienne, l’utilisation de l’analgésie péridurale peut aussi éviter le besoin d’une anesthésie rachidienne ou générale, ou encore laisser la possibilité de réaliser des interventions obstétricales si la nécessité se présente.
Des bénéfices encore plus importants chez les femmes à risque
Les femmes ayant une indication médicale pour l’analgésie péridurale, comme un antécédent de césarienne, un bébé en siège, ou une grossesse gémellaire, obtiennent même une réduction de 50 % de la morbidité maternelle sévère en utilisant la péridurale. De même, celles qui ont accouché prématurément ont bénéficié d’une réduction de 47 %.
Par ailleurs, les chercheurs écossais ont mis en évidence une sur-représentation des femmes noires, chez qui la morbidité maternelle sévère est quatre fois plus élevée que chez les femmes blanches. Récemment, des études menées au Royaume-Uni ont révélé que ces femmes noires présentent moins de probabilités de bénéficier d’une péridurale que le reste de la population générale. Pour expliquer ces inégalités, les chercheurs avancent l’hypothèse que ces patientes sont parfois plus inquiètes des effets secondaires de l’analgésie sur leur bébé à naître, donc elles ont besoin d’être mieux informées. Par ailleurs, ils enjoignent les autorités de santé et les médecins à encourager les femmes en général à recourir à l’analgésie péridurale et, pour leur part, à mieux observer les recommandations en matière de bonnes pratiques médicales. « Élargir l’accès à l’analgésie péridurale pour toutes les femmes pendant le travail, et en particulier pour celles présentant les plus grands risques, pourrait améliorer la santé maternelle », écrivent-ils.
Près de 83 % des femmes françaises ont eu une analgésie péridurale en 2021
En France métropolitaine, selon Enquête nationale périnatale de l’Inserm (résultats de l’édition 2021), 82,7 % des femmes ont eu une analgésie péridurale (contre 81,4 % en 2016). Ce taux important est en accord avec le souhait des femmes. Le taux d’auto-administration de l’analgésie par pompe type PCEA (appareil électronique muni d’un réservoir et d’un bouton poussoir qui permet au patient de commander l’administration des médicaments, en l’occurrence ici du produit d’analgésie) a aussi connu une nette augmentation : 74,2 % contre 53,8 % en 2016.
Si la péridurale a définitivement convaincu les femmes en France, des idées reçues persistent. Par exemple, un tatouage dans la région basse du dos ne constitue pas une contre-indication à l’anesthésie péridurale. Cependant, il est préférable que l’anesthésiste évite d’injecter directement sur la zone tatouée.