La Periactine, détournée pour faire grossir, désormais sur ordonnance
Periactine ® 4 mg est un médicament contre l’allergie indiqué chez l’adulte et l’enfant de plus de 6 ans, dans le traitement symptomatique des manifestations allergiques telles que la rhinite (rhume des foins, rhinite non saisonnière…), la conjonctivite ou l’urticaire. Ce médicament contenant la substance active cyproheptadine (un antihistaminique) était jusqu’alors disponible sans ordonnance.
La dangereuse imagination des influenceurs
Or, l’utilisation non conforme et potentiellement dangereuse de la cyproheptadine comme orexigène (qui augmente l’appétit) afin d’obtenir une prise de poids à des fins esthétiques prend de l’ampleur, notamment mise en avant sur les réseaux sociaux. Alors que des mesures d’information ont été mises en place dès 2022, le mésusage persiste, de même que les risques qui y sont associés. Par conséquent, ce 27 juin, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) décrète que la cyproheptadine (Periactine® 4mg) sera désormais inscrite sur la liste I des substances vénéneuses et fera donc l’objet d’une prescription médicale pour toute délivrance à partir du 10/07/2024.
Une prise de poids hasardeuse pour de sérieux effets indésirables
Parmi d’autres, Poupette Kenza, à l’origine de cette mode, déclarait sur TikTok avoir gagné 3 kg en moins d’un mois. Son objectif : une silhouette en sablier. Toutefois, l’augmentation de l’appétit procurée par la molécule ne garantit pas que la prise de poids sera localisée aux endroits souhaités !
De plus, cette utilisation abusive peut favoriser l’apparition d’effets indésirables parfois grave, prévient l’ANSM, tels qu’une somnolence, une baisse de la vigilance, une rétention d’urine, une constipation, des palpitations cardiaques, une mydriase (dilatation anormale de la pupille) ou une sécheresse des muqueuses.
A l’adresse des patients que cette mesure pourrait inquiéter, l’ANSM précise que des alternatives antihistaminiques (notamment H1 de nouvelle génération) existent pour le traitement en première intention des allergies et sont généralement mieux tolérées que la cyproheptadine. Certains de ces médicaments sont disponibles sans ordonnance.
Les conséquences d’un mésusage médicamenteux
Pour autant, la prescription médicale peut-elle vraiment prévenir le mésusage des médicaments ? L’exemple de l’antidiabétique Ozempic® (sémaglutide) est révélateur : certaines personnes pourtant en bonne santé l’utilisent comme coupe-faim pour perdre du poids. Or, cette pratique prive les patients diabétiques de type 2 de l’accès à un médicament essentiel, contribuant ainsi à aggraver les tensions d’approvisionnement. Face à cette situation, l’agence du médicament a demandé aux pharmaciens de signaler les ordonnances suspectes et de s’abstenir de délivrer le médicament en cas de doute.