La gymnastique de haut-niveau : un développement en souffrance ?
De nombreux travaux ont fait état d’effets délétères d’une pratique sportive trop intensive lors de l’enfance ou de l’adolescence, sur la croissance, le développement osseux, le métabolisme et encore le développement pubertaire. Dans un rapport de 2018, l’Académie nationale de médecine pointe plusieurs causes : « entraînements très intensifs, contrôle excessif de la silhouette et donc des apports nutritionnels, troubles endocriniens et métaboliques, blessures musculo-tendineuses osseuses et articulaires ».
« Spécialisation précoce »
La gymnastique – considérée dans ce document comme un sport dit « à silhouette ou d’apparence pour lesquels la performance est favorisée par la petite taille ou le faible poids » – apparaît souvent citée en (mauvais) exemple. Et pour cause, elle constitue aussi une discipline sportive à spécialisation dite « précoce ». Avec les filles davantage exposées aux effets néfastes étant donné que leur période maximale d’entrainement coïncide avec le développement pubertaire. Alors qu’elle a lieu à la fin de la puberté, chez les garçons.
Croissance, puberté…
Des études portant sur des gymnastes féminines internationales ont ainsi montré qu’un entraînement intensif et souvent précoce présentait une incidence significative sur leur physiologie. Avec une croissance qui s’en trouve ralentie et une « maturation pubertaire significativement retardée », comme le rapportent les auteurs d’un travail publié en 2003.
Un rattrapage ?
En cause notamment, une diminution de la sécrétion de certaines hormones – progestérone chez les filles et testostérone chez les garçons. Mais les auteurs en question, tiennent toutefois à souligner que « la critique selon laquelle cette activité sportive serait néfaste pour ces jeunes filles ne s’applique qu’à de très rares cas, pour lesquels les charges d’entraînement sont excessivement intenses et mal contrôlées ». Sans compter, qu’à l’arrêt de la pratique intensive, la croissance tend généralement à s’accélérer. Et le retard constaté, à se rattraper.
Une « sélection naturelle » ?
Comme pour relativiser la petite taille de ces athlètes, les scientifiques ne mettent pas tout sur le seul compte de la discipline et des nombreuses heures – jusqu’à 20h par semaine au plus haut-niveau – passées à s’entraîner. Ils évoquent ainsi ce qu’ils appellent une « sélection naturelle ». Il convient de comprendre à travers cette expression, le fait que les petits gabarits, légers, auront naturellement plus de facilités à évoluer dans l’espace que les plus grands. Ils « sélectionnent » ainsi les disciplines qui nécessitent une petite stature, autant que ces disciplines les sélectionnent. Comme les grands se dirigeront peut-être plus volontiers vers le basket-ball…