Insomnie : la mélatonine, remède miracle ou fausse promesse ?
La mélatonine est une hormone naturellement produite par la glande pinéale dans le cerveau. Elle joue un rôle crucial dans la régulation du rythme circadien, notre horloge biologique interne qui contrôle les cycles veille-sommeil. Sa production augmente en fin de journée lorsque la lumière diminue, signalant au corps qu’il est temps de dormir.
De nombreux compléments alimentaires contenant de la mélatonine synthétique ont fait leur apparition sur le marché. L’idée : forcer un peu la nature, pour augmenter la concentration de mélatonine dans l’organisme et favoriser l’endormissement. Une idée qui fait son chemin car, selon l’Inserm, rien qu’en 2018, 1,4 million de boîtes auraient été vendues.
Qu’en dit la science ?
Malheureusement, les preuves scientifiques de l’efficacité de la mélatonine restent limitées. Les études disponibles souffrent souvent de limites méthodologiques.
Néanmoins, certains bénéfices ont bien été observés :
dans le traitement des troubles du rythme circadien (par exemple suite à un décalage horaire ou pour ceux exerçant un travail posté) ;
une amélioration du sommeil chez les personnes aveugles, dont le rythme circadien n’est pas synchronisé sur une journée classique ;
une réduction légère du temps d’endormissement, surtout chez les plus de 55 ans.
« En revanche, peu d’effets ont été rapportés concernant la fréquence des réveils pendant la nuit ou sur la qualité du sommeil », rapporte l’Inserm.
Des effets secondaires ?
Mais au-delà de l’efficacité, se pose aussi la question de la sécurité. « En 2018, l’Anses s’en était saisie après avoir reçu des déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine. » De façon rassurante, l’Agence avait conclu que « les problèmes sont rares et la mélatonine est généralement considérée comme peu à risque ».
Les effets secondaires rapportés étant généralement bénins : maux de tête, nausées, somnolence. « Il faut tout de même rappeler que chez certains patients, des interactions médicamenteuses ayant des conséquences plus graves peuvent survenir », insiste tout de même l’Inserm. « Il faut être particulièrement vigilant en cas de grossesse ou d’allaitement, d’épilepsie, de problèmes de coagulation ou encore de maladies auto-immunes. »
En résumé, si la mélatonine est utile pour certains troubles du sommeil, elle n’est pas la panacée vantée par certains. De nombreuses questions restent en suspens. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les dosages optimaux, évaluer l’efficacité à long terme et mieux comprendre les effets selon l’âge et le sexe des patients.