Hausse des cas de dengue en France et dans l’UE : comment expliquer cette recrudescence ?
Des chiffres qui ne rassurent pas à l’approche des Jeux olympiques. Depuis le 1er janvier 2024, 2 166 cas importés de dengue ont été enregistrés en France métropolitaine. Pour comparaison, ces cinq dernières années, le nombre de cas importés s’élevait à 128, entre le 1er janvier et le 30 avril. L’année 2024 compte ainsi 16 fois plus de cas que les années précédentes sur la même période. Et rien qu’entre le 1er mai et le 11 juin, 500 cas importés de dengue ont été identifiés dans l’Hexagone. Ces chiffres sont élevés alors même que la saison du moustique tigre débute à peine et que les millions de visiteurs attendus pour les Jeux olympiques ne sont toujours pas arrivés…
Le risque ? Un nombre important de cas importés pourrait entraîner une chaîne de transmission en France métropolitaine, le moustique tigre y étant largement implanté. Pour rappel, cette maladie virale est le plus souvent bénigne, mais sa forme sévère peut être grave et entraîner le décès.
Hausse dans l’Union européenne
Les chiffres grimpent aussi dans l’Union européenne, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. En 2023, 130 cas de dengue autochtones ont été signalés, contre seulement 71 en 2022. Une hausse importante au regard des 73 cas de dengue détectés dans l’Union européenne sur la période 2010 – 2021 ! Même tendance pour les cas importés avec 4 900 cas importés en 2023 contre 1 572 en 2022, soit le nombre le plus élevé depuis le début de la surveillance en 2008 dans l’Union européenne.
Et pour 2024 ? « Au cours des premiers mois de 2024, plusieurs pays ont signalé une augmentation substantielle du nombre de cas de dengue importés, ce qui pourrait suggérer que les chiffres en 2024 pourraient devenir encore plus élevés », note l’ECDC dans un communiqué.
Une épidémie dans les Amériques
Quelle est la cause de cette recrudescence significative des cas de dengue ? Une épidémie qui sévit en Amérique latine et dans les Caraïbes. En effet, en 2023, la région OMS des Amériques a signalé 4,5 millions de cas. Et l’année 2024 sera « probablement celle de la pire saison de dengue jamais enregistrée en Amérique », a expliqué lors d’une conférence de presse Jarbas Barbosa, le directeur de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). L’épidémie concerne aussi la Martinique et la Guadeloupe d’où proviennent 82 % des cas de dengue importés en France métropolitaine.
Une propagation continue des moustiques tigres
En parallèle, la propagation des moustiques tigres se poursuit dans l’Union européenne. Bien implanté dans la quasi-totalité des départements français, il l’est aussi dans douze autres pays de l’UE. Une autre espèce, Aedes aegytpi, vecteur également de la dengue, du chikungunya et du Zika mais aussi de la fièvre jaune, est, elle établie uniquement à Chypre mais inquiète les autorités sanitaires européennes. « Son potentiel d’établissement dans d’autres régions d’Europe est préoccupant en raison de sa capacité importante à transmettre des agents pathogènes et de sa préférence pour le sang humain ». Le culex pipiens, moustique commun prédominant en France métropolitaine, est pour sa part, le vecteur du virus du Nil occidental.
Les populations de ces insectes devraient continuer de croître. « Il est largement attendu que le changement climatique aura un impact considérable sur la propagation des maladies transmises par les moustiques en Europe, par exemple en créant des conditions environnementales favorables à l’établissement et à la croissance des populations de moustiques », prévient l’ECDC.
Celle-ci souligne l’importance de mettre au point des outils efficaces pour gérer les populations de moustiques tout en respectant l’environnement. Elle rappelle également les gestes individuels pour lutter à son niveau contre les moustiques : l’élimination systématiques des eaux stagnantes, dans son jardin, sur son balcon ou sa terrasse.
A noter : 713 cas autochtones de virus du Nil occidental ont été signalés en 2023. C’est moins qu’en 2022 mais davantage de zones sont concernées : 123 dans neuf pays européens, dont 22 qui ont déclaré un premier cas en 2023. « Le nombre de régions touchées est le plus élevé depuis le pic de 2018, ce qui indique une large circulation géographique du virus », souligne l’ECDC.