Hausse de la mortalité chez les jeunes : une « crise émergente »

Hausse de la mortalité chez les jeunes : une « crise émergente »

L’étude Global Burden of Disease* (GBD) 2023, publiée le 12 octobre dans The Lancet, montre que l’espérance de vie mondiale a augmenté de plus de 20 ans depuis 1950, atteignant aujourd’hui 76,3 ans pour les femmes et 71,5 ans pour les hommes. Le taux de mortalité standardisé sur l’âge a diminué de 67 % au niveau mondial.

Mais selon les auteurs de ce travail, le monde est confronté à « une crise émergente » caractérisée par des taux de mortalité plus élevés chez les adolescents et les jeunes adultes dans certaines régions.

Suicides, surdoses, alcool…

Parmi les adolescents et les jeunes adultes, la plus forte augmentation des décès a été enregistrée chez les 20 à 39 ans en Amérique du Nord entre 2011 et 2023, principalement en raison de suicides, de surdoses médicamenteuses et de consommations excessives d’alcool.

En Europe de l’Est, toujours en Amérique du Nord et dans les Caraïbes, les chercheurs ont aussi observé une augmentation des décès dans le groupe d’âge 5-19 ans.

En Afrique subsaharienne, leurs calculs ont également révélé des taux de mortalité plus élevés que précédemment chez les enfants de 5 à 14 ans (infections respiratoires, tuberculose, autres maladies infectieuses et blessures non intentionnelles) et chez les jeunes femmes de 15 à 29 ans (mortalité maternelle, accidents de la route et méningites).

Les auteurs insistent donc sur le besoin urgent d’élargir les priorités en matière de santé au-delà de la réduction de la mortalité infantile pour inclure les adolescents et les jeunes adultes, en particulier dans les zones où les taux de mortalité sont plus élevés que ce que l’on pensait auparavant.

Un changement dans les causes de décès

Pour l’ensemble de la population, l’étude souligne également un changement dans les principales causes de décès, passant des maladies infectieuses aux maladies non transmissibles. Ces dernières représentent désormais près des deux tiers de la mortalité et de la morbidité mondiales ; les cardiopathies ischémiques, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète occupant les premières places.

Près de la moitié de la mortalité et de la morbidité mondiales en 2023 était imputable à 88 facteurs de risque modifiables. Les principaux étant l’hypertension artérielle, la pollution aux particules fines, le tabagisme, une glycémie à jeun élevée, un faible poids à la naissance, un indice de masse corporelle élevé, un taux de cholestérol LDL élevé, l’exposition au plomb…

Par ailleurs, le fardeau des troubles mentaux continue de s’accroître à l’échelle mondiale, l’anxiété et la dépression augmentant respectivement la mortalité et l’invalidité de 63 % et 26 %.

*Pour la période de 1990 à 2023, un réseau mondial de plus de 16 000 chercheurs a mené une analyse exhaustive de 375 maladies et 88 facteurs de risque à travers 204 pays, fournissant des estimations détaillées par âge et par sexe.