Grippe : se protéger pour bien vieillir

Grippe : se protéger pour bien vieillir

Le fardeau de la grippe sur le système de soins

La grippe n’est pas une « petite maladie d’hiver ». Elle provoque chaque année plusieurs millions de cas, des dizaines de milliers de passages aux urgences et de nombreuses hospitalisations évitables. « La saison dernière, plus de 150 000 passages aux urgences et 29 000 hospitalisations ont été recensés, principalement chez les plus de 65 ans », indique le Dr Frédéric Prate, gériatre et médecin de santé publique au CHU de Nice.

« La grippe est l’un des principaux facteurs de perte d’autonomie chez les personnes âgées », poursuit-il. « Une hospitalisation pour grippe entraîne une perte d’autonomie dans un cas sur trois après 80 ans. Derrière ce que l’on considère souvent comme un virus bénin peut parfois se développer un effet domino : dans certains cas, chute, déclin cognitif et entrée en institution. » Au-delà des conséquences individuelles, l’épidémie de grippe contribue chaque hiver à la saturation des hôpitaux, mobilise de nombreuses ressources médicales et fragilise le suivi d’autres pathologies chroniques.

Bien vieillir : le rôle clé de la vaccination en complément des gestes barrières

Avec l’âge, le système immunitaire devient moins performant, un phénomène appelé immunosénescence. « Résultat : le risque de forme grave augmente fortement. Une grippe sévère peut décompenser une maladie chronique (diabète, insuffisance cardiaque, BPCO) et faire basculer une personne âgée jusque-là autonome dans la dépendance », souligne le Dr Prate.

« Vieillir en bonne santé, ça se prépare dès 45 ans », affirme le Pr Jean-Pierre Aquino, gériatre, délégué de la Société française de gériatrie et de gérontologie. « L’activité physique régulière, une alimentation équilibrée, le lien social… sont essentiels. Mais la vaccination en complément des gestes barrières fait aussi partie intégrante de cette stratégie globale de prévention. Elle permet d’éviter des complications graves, de préserver l’autonomie et de mieux affronter les accidents de santé qui surviennent avec l’âge. »

Un geste solidaire et collectif

Et quand le virus frappe, il peut tout faire basculer. « La grippe a bouleversé ma vie », témoigne Davy Cotting, aidant et membre de la coalition Agrippe Toi. « Mon épouse, 35 ans, a fait une forme foudroyante. Elle vit aujourd’hui avec un handicap lourd. Trop de gens pensent encore que la grippe est bénigne. Or, cela peut être une maladie grave, qui peut frapper à tout âge. »

Le Dr Prate insiste : « Si trois personnes âgées sur quatre étaient vaccinées, nous aurions un bénéfice de santé publique considérable. La vaccination associée aux gestes barrière protège l’individu, mais aussi son entourage, notamment les plus fragiles. » La grippe n’est pas une fatalité. La vaccination, associée aux gestes barrières, reste l’arme la plus efficace pour se protéger, préserver son autonomie, protéger les autres, éviter des hospitalisations inutiles et soulager un système de soins déjà sous pression. Rappelons que l’OMS recommande une couverture vaccinale de 75% chez les personnes à risque.