Espérance de vie : plus on est aisé, plus elle est élevée
L’argent ne fait pas le bonheur mais il permet de vivre plus longtemps. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée le 15 décembre. Ainsi, selon les résultats de l’enquête, sur la période 2020-2024, parmi les 5 % des personnes les plus aisées à chaque âge, les hommes ont une espérance de vie à la naissance de 85 ans. À l’opposé, parmi les 5 % des personnes les plus modestes, les hommes ont une espérance de vie de 72 ans. Chez les hommes l’écart d’espérance de vie est donc de 13 ans entre les plus aisés et les plus modestes. Du côté des femmes, l’écart est moins important, 88,7 ans pour les 5 % les plus aisées et 80,1 pour les 5 % les plus modestes, soit 9 ans d’écart.
Et cette inégalité s’est accrue entre 2012- 2016 et 2020-2024. Ainsi, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les 5 % les plus modestes et les 5 % les plus aisés augmente légèrement : il passe de 8,3 ans à 8,7 ans chez les femmes (+0,4 an), et de 12,7 ans à 13,0 ans chez les hommes (+0,3 an). Selon l’Insee, cela « signifie que la part des causes de décès les plus inégalitaires socialement a augmenté entre 2012-2016 et 2020-2024 et/ou que certaines causes de décès sont devenues davantage marquées socialement ».
Niveau de vie, diplôme et catégorie sociale au cœur des inégalités
Pourquoi les personnes plus modestes vivent-elles moins longtemps que les personnes les plus aisées ? Plusieurs facteurs sont en cause :
- le niveau de vie a un effet direct sur la santé car les difficultés financières limitent l’accès aux soins. 3,2 % des personnes parmi les 20 % les plus modestes déclarent avoir renoncé pour des raisons financières à des examens médicaux (hors soins dentaires), contre 1,8 % de l’ensemble de la population ;
- le niveau de vie est étroitement lié à la catégorie sociale ou encore au diplôme qui eux aussi influencent l’état de santé. Par exemple, les cadres sont moins soumis aux risques professionnels que les ouvriers. Et les comportements à risque sont moins fréquents chez les diplômés que chez les non-diplômés. Exemple : 21 % des adultes sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat fument quotidiennement, contre seulement 13 % des diplômés du supérieur ;
- le diplôme et la catégorie sociale influencent aussi ce qu’on appelle la littératie en santé, soit la capacité à accéder, comprendre et transmettre l’information ;
- un mauvais état de santé est parfois à l’origine d’un faible niveau de vie : arrêt des études, incapacité à exercer un emploi ou à accéder aux emplois qualifiés.
Les maladies chroniques inégalitaires socialement
L’enquête montre qu’à 50 ans, la proportion d’hommes qui décèdent dans l’année est de 8,3 ‰ chez les plus modestes, contre 1,2 ‰ chez les plus aisés. A cet âge, le risque de mourir dans l’année est donc 7 fois plus élevé chez les hommes les plus modestes que chez les hommes les plus aisés. Ensuite, l’écart diminue et passe à 6 ans à 60 ans et 2 ans à 80 ans. Plus jeune, à 20 ans seulement, l’écart est de 3 ans. Chez les femmes, le rapport de risque entre les plus modestes et les plus aisées atteint son maximum à 55 ans, soit un peu plus tard que les hommes. À cet âge, la proportion de femmes qui décèdent dans l’année est de 6,7 ‰ chez les plus modestes, contre 1,2 ‰ chez les plus aisées, soit un rapport de risque de 6.
Pourquoi de telles différences ? Une partie au moins de l’explication est qu’à 50 ans, les décès causés par les maladies chroniques sont plus inégalitaires socialement.
A noter : l’espérance de vie à la naissance (ou à l’âge 0) représente la durée de vie moyenne – autrement dit l’âge moyen au décès – d’une génération fictive qui serait soumise à chaque âge aux conditions de mortalité de l’année considérée.