Endométriose : le risque de cancer de l’ovaire confirmé
Une étude de grande ampleur de chercheurs américains* a révélé que les femmes atteintes d’endométriose sévère sont dix fois plus susceptibles de développer un cancer de l’ovaire que celles qui ne souffrent pas de cette maladie.
Cette analyse menée à partir d’une cohorte de 78 000 femmes atteintes d’endométriose vient d’être publiée dans le Journal of the American Medical Association.
Un lien déjà suspecté
Cette maladie gynécologique concerne une femme en âge de procréer sur dix. Pour rappel, l’endométriose est une maladie où le tissu qui tapisse l’utérus (l’endomètre), se développe ailleurs dans la cavité pelvienne, notamment. L’endométriose superficielle se manifeste principalement sur la muqueuse autour de la cavité pelvienne. Les formes plus sévères se trouvent sous forme de kystes dans les ovaires appelés endométriomes mais aussi sous forme d’endométriose infiltrante profonde. Elle affecte alors certains organes comme les ovaires, la vessie, les intestins, etc.
Des études antérieures avaient pointé une possible relation de cause à effet entre l’endométriose et le cancer de l’ovaire. Mais grâce à l’exploitation de la base de données démographiques de l’Utah, les chercheurs ont pu analyser pour la première fois les taux d’incidence de différents types d’endométriose et de sous-types de cancer de l’ovaire.
Un certains type de cancer de l’ovaire en cas d’endométriose sévère
Les femmes atteintes de tout type d’endométriose ont un risque multiplié par 4,2 de développer un cancer de l’ovaire par rapport à celles qui n’en souffrent pas. Elles ont également plus de sept fois plus de risque de développer un cancer de l’ovaire de type I, qui se développe lentement mais ne répond pas bien à la chimiothérapie.
Les femmes souffrant des formes plus sévères d’endométriose sont plus à risque de développer un cancer de l’ovaire de type I. « C’est dans ce cas que nous avons trouvé un risque multiplié par 19, comparable à la relation entre le tabagisme et le cancer du poumon, » déclare Karen Schliep, auteure principale de l’étude.
Que faire de cette information ?
Cette découverte va impacter « les soins cliniques des femmes atteintes d’endométriose sévère, déclare le Pr Jennifer Doherty, chercheuse et co-directrice du Cancer Control and Population Sciences Program à l’Huntsman Cancer Institute, car elles pourront bénéficier de conseils sur le risque de cancer de l’ovaire et sa prévention. Cette recherche mènera également à d’autres études pour comprendre les mécanismes par lesquels certains types d’endométriose causent différents types de cancer de l’ovaire. »
Comme mesure préventive, les femmes atteintes d’endométriose et en particulier sévère pourraient envisager des chirurgies telles qu’une hystérectomie ou une ablation des ovaires. Cependant, ces procédures sont invasives, et d’autres recherches sont nécessaires pour déterminer si ce sont les mesures appropriées.
« Ces femmes ayant les sous-types d’endométriose plus sévères constituent une population importante pour les études de dépistage et de prévention ciblées du cancer », ajoute Jennifer Doherty.
*Huntsman Cancer Institute de l’Université de l’Utah, de la Spencer Fox Eccles School of Medicine de l’Université de l’Utah et de la Boston University Chobanian & Avedisian School of Medicine