Du Viagra® pour prévenir la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est la plus fréquente des maladies neurodégénératives avec 1 million de malades. Chaque année 225 000 nouveaux cas sont recensés. Et en comptant les proches et les aidants, ce sont 3 millions de personnes qui sont directement concernées par la pathologie.
Pour venir à bout de cette maladie neurodégénérative, les travaux se multiplient, mais ne vont pas tous dans la même direction. Certains cherchent à éliminer les plaques amyloïdes dans le cerveau des personnes aux premiers stades de la maladie. Mais d’autres tentent de mettre au jour des traitements capables de prévenir ou de retarder son développement. C’est dans cette seconde catégorie qu’entre cette étude conduite par des scientifiques du Collège universitaire de Londres et publiée dans la revue de l’Académie américaine de neurologie. Leur objectif : observer un éventuel effet des médicaments utilisés contre la dysfonction érectile.
Pourquoi précisément ce type de médicaments ? « Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (que l’on retrouve dans les médicaments couramment utilisés comme le Viagra®, ndlr) se sont révélés être une piste prometteuse contre la maladie d’Alzheimer, du moins su modèle animal », expliquent les auteurs. « Cependant, les travaux chez l’homme restent peu concluants. Nous avons donc mené une étude pour évaluer l’association. »
18 % de risques en moins
Leur travail a porté sur très exactement 269 725 hommes, âgés en moyenne de 59 ans, chez qui on avait récemment diagnostiqué des troubles de l’érection. Aucun n’avait de problèmes de mémoire au début du suivi qui a duré cinq ans. Les scientifiques ont ainsi comparé les 55 % de participants qui prenaient des médicaments contre la dysfonction érectile aux 45 % qui n’en utilisaient pas.
Au cours de l’étude, 1 119 personnes ont développé la maladie d’Alzheimer. « Ceux qui prenaient les médicaments étaient moins susceptibles – 18 % de risques en moins – de développer la maladie d’Alzheimer », estiment les auteurs.
« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats, en savoir plus sur les mécanismes et étudier le dosage optimal », expliquent les chercheurs. « Un essai randomisé et contrôlé avec des participants masculins et féminins est justifié pour déterminer si ces résultats s’appliqueraient également aux femmes. »