Dopage au monoxyde de carbone dans le cyclisme, info ou intox ?

Le site Escape Collective révélait le 13 juillet dernier que le Slovène Tadej Pogačar, victorieux de son troisième Tour de France en juillet 2024, avait utilisé un recycleur de monoxyde de carbone lors de sa préparation à la Grande Boucle. Après avoir d’abord démenti cette information, le cycliste l’a reconnu, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas d’une inhalation directe de monoxyde de carbone, mais d’un test visant à observer la réaction de son corps dans des conditions similaires à celles de haute altitude.

En plus de l’UAE Team Emirates, les équipes Visma Lease a Bike et Israel-Premier Tech ont également reconnu cette pratique. Celle-ci n’est pas formellement interdite par l’Agence mondiale antidopage, mais est-elle pour autant éthique ?

Pédaler plus vite grâce au CO

Cette nouvelle arme « secrète », utilisée par les équipes cyclistes les plus pointues – et dotées de gros moyens financiers – consiste à utiliser un recycleur de monoxyde de carbone (CO rebreather). Les services de communication de ces équipes cyclistes avancent que ces appareils sont notamment destinés au dosage de CO dans le sang. Cette machine permet de mesurer le volume sanguin et la masse totale d’hémoglobine, une protéine essentielle dans les sports d’endurance, car elle assure le transport de l’oxygène dans le corps. Le CO inhalé en petite quantité n’est pas dangereux, rapporte le site cyclisme-dopage.com. Cette méthode est utilisée depuis de nombreuses années pour mesurer la masse totale d’hémoglobine. Mais certaines équipes ne s’en contenteraient pas et se serviraient de l’inhalation de CO afin de reproduire les effets de l’altitude. Décisif dans une étape de montage.

Quel est le principe ?

Le site cyclisme-dopage.com estime que les équipes pourraient utiliser le monoxyde de carbone dans le cadre d’un protocole plus large. Marc Kluszczynski, pharmacien et responsable de la rubrique « Front du dopage » du magazine Sport & Vie, explique qu’après une « cure d’inhalations » réalisée avant une compétition, les équipes pourraient chercher à éliminer les résidus de monoxyde de carbone avant une étape. Elles feraient disparaître l’hémoglobine chargée en CO en respirant de l’oxygène hyperbare, ce qui nécessite un caisson pressurisé. Le spécialiste indique que l’élimination du monoxyde de carbone entraînerait un gain marginal. En revanche, il voit des avantages à l’oxygénothérapie hyperbare à chaque étape. Cette pratique favoriserait la dissolution de l’oxygène dans le plasma, l’hémoglobine étant alors saturée, permettant ainsi une meilleure consommation d’oxygène pendant l’étape. D’où une meilleure performance sportive.

L’inhalation de ce gaz pour améliorer les performances athlétiques est, pour beaucoup, considérée comme une forme de dopage déguisé, et appellent à une réglementation antidopage plus stricte

Pour en savoir plus : https://www.cyclisme-dopage.com/chiffres/chiffres.htm