Diabète : pourquoi la qualité de la peau est-elle altérée ?

Diabète : pourquoi la qualité de la peau est-elle altérée ?

On parle d’hyperglycémie lorsque la concentration de glucose est anormalement élevée dans le sang. Ce sucre est vital pour les cellules car il permet la synthèse de nombreuses molécules et sa transformation en énergie par les mitochondries, véritables centrales énergétiques du corps humain : on parle de « respiration mitochondriale ».

Le diabète est caractérisé par une hyperglycémie chronique c’est-à-dire une augmentation chronique de la quantité de glucose présente dans le sang. Les personnes qui en souffrent présentent fréquemment une dégradation de la qualité et de l’intégrité de la peau, avec un vieillissement prématuré et une moins bonne cicatrisation. Pourquoi ? « Au sein du derme, on retrouve les fibroblastes, des cellules impliquées notamment dans la régénération de l’épiderme et dans la cicatrisation de la peau, grâce à leur capacité à produire du collagène et à se déplacer sur le site d’une blessure. Ces fibroblastes cutanés subissent directement le stress métabolique causé par l’hyperglycémie », explique l’Inserm dans un communiqué du 30 avril.

Les mitochondries dégradées sous l’effet de l’hyperglycémie

Une équipe a voulu en comprendre les mécanismes afin, à l’avenir, de limiter les altérations de la peau chez les patients diabétiques. Pour cela, les chercheurs ont étudié le comportement des mitochondries exposées à des degrés normal, modéré, élevé ou extrême d’hyperglycémie. Ils ont identifié un processus moléculaire associé à une hyperglycémie croissante qui débute par la répression de l’activité des mitochondries, menant à leur fragmentation, jusqu’à leur dégradation. Ces résultats ont été publiés dans la revue Redox Biology.

Ainsi, la protéine de croissance GDF15 voyait son action fortement limitée dès l’apparition d’une glycémie modérée. Mais une supplémentation en GDF15 des modèles de peau utilisés par les chercheurs permettait d’inverser les altérations des mitochondries et ce malgré une persistance de l’hyperglycémie. « Nos résultats suggèrent que GDF15 pourrait être au cœur d’une potentielle stratégie pharmacologique ou dermatologique visant à limiter les dommages cutanés causés par le stress métabolique chez les personnes hyperglycémiques, indique Rodrigue Rossignol, directeur de recherche Inserm et co-directeur du laboratoire Maladies rares : génétique et métabolisme (Inserm/université de Bordeaux). Les chercheurs ont aussi montré que sous l’effet de l’hyperglycémie, le réseau de collagène qui répare les zones de la peau abîmée est défaillant, les fibroblastes se déplaçant difficilement.

Cette découverte ouvre la voie à de potentielles stratégies thérapeutiques, ciblant directement les mitochondries, pour contrer la dégradation de la peau chez les personnes diabétiques. Toutefois, de nouveaux essais, en conditions réelles, sont nécessaires : l’hyperglycémie chronique implique des phénomènes inflammatoires que l’équipe de l’Inserm n’a pas reproduits dans ses modèles de peau et qui pourraient entraver l’action de la supplémentation en GDF15.

Les bonnes pratiques pour éviter les complications dermatologiques

En attendant, un diabète équilibré et une bonne hygiène permettent de prévenir les infections cutanées. Car au-delà du vieillissement, les complications du diabète sur la peau sont des mycoses, panaris, furoncles, érysipèle (infection due à un streptocoque) … Le site Ameli.fr conseille d’examiner régulièrement sa peau et de consulter un médecin en cas de rougeurs, gonflements ou toute autre anomalie.

En cas de plaie, il est conseillé de la nettoyer à l’eau claire, d’appliquer un désinfectant et de protéger avec une compresse stérile sèche avant de consulter un médecin. Il est aussi important de bien hydrater sa peau. Enfin, après une douche, pensez à bien sécher les zones humides, en particulier entre les orteils, au niveau des plis ou des organes génitaux, car l’humidité favorise les mycoses cutanées.