Covid-19 : 1 adulte sur 20 a déjà eu des pensées suicidaires
En France, les dernières données du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès font état de 8 366 enregistrements de décès par suicide en 2017. Mais depuis, le Covid est passé par là et le mal être des plus jeunes semble se confirmer.
Afin d’étudier les pensées suicidaires dans la population adulte, Santé publique France a interrogé en 2021 un échantillon de plus de 24 000 adultes en France métropolitaine et de 6 500 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM). L’enquête indique que « 4,2 % des 18-85 ans ont eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois et 6,8 % ont déclaré avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie. »
Davantage chez les moins de 24 ans
Parmi les personnes interrogées, les 18-24 ans présentaient les prévalences les plus élevées de pensées suicidaires et de tentatives de suicide dans l’année. Les prévalences étaient plus élevées chez les femmes que chez les hommes, avec des différences particulièrement marquées chez les moins de 25 ans. Ainsi:
les pensées suicidaires ont été multipliées par deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (passant de 3,3 % à 7,2 % en 2021) ;
les tentatives de suicide déclarées (car elles ne le sont pas toutes) ont augmenté de 50 % par rapport à 2017 (passant de 6,1 % à 9,2 % en 2021) ;
les tentatives de suicide déclarées au cours des 12 derniers mois, ont augmenté de plus de 60 % (passant de 0,7 % en 2017 à 1,1 % en 2021).
Ces données font également écho à la hausse des hospitalisations pour geste suicidaire observée en 2020 après le deuxième confinement, ainsi qu’à l’augmentation des appels aux centres antipoison pour tentative de suicide en 2021 chez les femmes âgées de 12 à 24 ans.
D’autres groupes de population semblent davantage exposés : les personnes inactives ou au chômage, celles vivant seules ou en familles monoparentales et celles se déclarant en difficulté financière.
« Les prévalences élevées de tentatives de suicide et d’idées suicidaires observées chez les jeunes adultes constituent un changement important puisqu’elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19 », s’inquiète Santé publique France. « Cette inversion de tendances vient confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes. » L’autorité sanitaire appelle en outre à une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes depuis la pandémie de Covid-19 afin de renforcer les politiques de prévention.