Cigarette électronique : le CNCT dénonce le lobby de la vape

Cigarette électronique : le CNCT dénonce le lobby de la vape

Parmi les 18-79 ans, 7,9 % sont désormais utilisateurs de cigarette électronique, dont 6,1 % quotidiennement. Et plus d’un tiers des adultes a déjà expérimenté le vapotage, avec une proportion particulièrement élevée chez les jeunes de 18-29 ans.

Mais, alors que ces dispositifs sont souvent présentés comme des aides au sevrage, près d’un vapoteur quotidien sur deux (47,7 %) continue de fumer du tabac en parallèle. Un double usage qui, pour le Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT), annule, voire inverse, les bénéfices potentiels de la cigarette électronique en termes de réduction des risques. Par ailleurs, 2,8 % des vapoteurs quotidiens n’avaient jamais fumé auparavant, ce qui confirme que ces produits peuvent constituer une porte d’entrée vers la dépendance à la nicotine.

Les données révèlent également que le vapotage est plus répandu chez les populations socialement fragiles : 8,2 % des personnes déclarant une situation financière difficile vapotent quotidiennement, contre 4,2 % chez celles se déclarant à l’aise financièrement. Les ouvriers et employés présentent des taux plus élevés que les autres catégories socioprofessionnelles.

Une controverse autour de l’article 23

C’est dans ce contexte qu’une vive polémique s’est développée autour de l’article 23 du projet de loi de finances, qui prévoyait d’établir un cadre juridique plus strict pour les produits du vapotage. Cet article proposait notamment une fiscalité spécifique, un agrément pour les vendeurs et l’interdiction de la vente en ligne afin de mieux protéger les mineurs.

Mais face à une mobilisation  sur les réseaux sociaux et des tribunes alarmistes, qui ont poussé au retrait de l’article, le CNCT dénonce une « offensive médiatique orchestrée » par l’industrie du vapotage contre ces mesures. Selon lui, les acteurs du secteur se présentent à tort comme des « défenseurs de la santé » alors qu’il s’agit d’entreprises commerciales dont les pratiques sont éloignées des standards attendus en matière de santé publique. La dernière étude du CNCT sur le sujet révèle ainsi qu’un tiers des enseignes de vapotage accepte de vendre leurs produits à des mineurs, malgré l’interdiction légale.

Des arguments scientifiques contestés

Le CNCT critique également l’argument souvent avancé selon lequel la cigarette électronique serait « 95 % moins nocive » que le tabac traditionnel. Selon le comité, aucune démonstration scientifique rigoureuse ne permet d’étayer un tel chiffre. « La mobilisation actuelle du lobby du vapotage illustre une fois encore la puissance d’un secteur qui défend avant tout ses intérêts économiques, tout en tentant de se draper dans un discours de santé publique, alerte Yves Martinet, président du CNCT. Lorsque des acteurs commerciaux qui vendent encore des produits à des mineurs prétendent dicter la politique sanitaire du pays, il y a de quoi s’inquiéter. »

« En donnant un écho disproportionné à des revendications corporatistes, au détriment de considérations sanitaires fondamentale, (cela) affaiblit les efforts engagés pour réduire l’expérimentation des jeunes », conclut le CNCT.