Chirurgie : pourquoi est-il plus risqué de se faire opérer le vendredi ?

Plusieurs travaux se sont déjà penchés sur la mortalité à l’hôpital le week-end. En 2014, des chercheurs japonais avait relevé des risques plus importants les samedis et dimanches, observant une moindre qualité de soins.
Dix ans plus tard, c’est en Ontario, province canadienne, que des scientifiques ont creusé le sujet. Pendant 12 ans, de 2007 à 2019, ils ont analysé les données de près de 430 000 patients ayant subi l’une des 25 interventions chirurgicales les plus courantes. La moitié d’entre eux ont été opérés juste avant le weekend, et l’autre moitié, après.
Les résultats sont frappants : les patients opérés la veille du week-end présentent un risque plus élevé de complications par rapport à ceux opérés en début de semaine.
Concrètement, les chercheurs ont observé :
- une augmentation de 9 % du risque de décès dans les 30 jours suivant l’opération ;
- une hausse de 10 % de la mortalité à 90 jours ;
- un risque de décès supérieur de 12 % sur l’année suivant l’intervention ;
- une augmentation de 5 % du risque de complications et de ré-hospitalisation de 30 jours à un an.
Moins de médecins expérimentés
Si de tels résultats demandent confirmation, les auteurs avancent quelques pistes explicatives :
- une réduction du personnel hospitalier pendant les week-ends ;
- la présence de chirurgiens moins expérimentés le vendredi ;
- un accès limité aux spécialistes et aux médecins seniors pendant le week-end ;
- une moindre connaissance des dossiers patients par les équipes de garde ;
- un accès restreint aux examens diagnostiques et aux analyses.
« Notre étude est cohérente avec la majorité de la littérature publiée, indiquant un risque plus élevé de résultats postopératoires chez les patients subissant une intervention chirurgicale avant le week-end, lancent les auteurs. Ces résultats soulignent la nécessité d’un examen critique des pratiques actuelles de planification des interventions chirurgicales. »