Cancer du poumon chez les non-fumeurs : l’enjeu de préserver la santé cérébrale…
Un cancer du poumon qui se conjugue au pluriel
« Il existe deux grands types de cancer du poumon : le cancer à petites cellules et le cancer non à petites cellules », précise le Pr Julien Mazières. « Le second est le plus fréquent, représentant environ 85 % des cas. Parmi ces derniers, il existe différents sous-groupes. Le plus fréquent est l’adénocarcinome, ensuite, il y a le carcinome épidermoïde, et des cas plus difficiles à catégoriser, comme le carcinome à grandes cellules. »
Bien que le tabac soit la première cause de cancer du poumon, cette maladie peut également toucher des non-fumeurs. « De nombreux cancers du poumon se développent en dehors de tout tabagisme pour des raisons encore mal comprises. La proportion de patients non-fumeurs atteints d’un cancer du poumon est d’ailleurs en augmentation. » Pour illustrer son propos le Pr Mazières souligne « que le nombre de décès aux Etats-Unis liés à ce type de cancer est supérieur à celui du cancer du côlon ».
Des anomalies génétiques en cause
Comment expliquer la survenue de cancer du poumon chez des non-fumeurs ? Il existe en effet d’autres facteurs de risque. A l’image de la pollution atmosphérique. « Des travaux récents montrent que l’exposition aux particules fines peut induire des cancers du poumon indépendamment du tabagisme. » La dimension génétique est également à prendre en compte. « Il y a la génétique transmissible, très rare et les anomalies génétiques présentes uniquement dans les cellules tumorales », indique le Pr Julien Mazières. « Le cancer du poumon est ainsi subdivisé en sous-groupes. Chaque sous-groupe est défini par des anomalies génétiques spécifiques qui transforment une cellule normale en cellule cancéreuse. »
Qui est concerné ?
La population affectée par le cancer du poumon est très variée et concerne tous les âges. « On peut trouver des cas chez des patients jeunes (moins de 50 ans), notamment ceux atteints de mutations ALK. À l’autre extrémité, des personnes très âgées, non-fumeuses, peuvent également être touchées, comme celles présentant des mutations de MET ou d’EGFR. Il y a également une surreprésentation des femmes dans l’ensemble. »
Prévenir et traiter les métastases
Entre 60 et 70 % des cancers du poumon non à petites cellules sont découverts à un stade avancé ou métastatique. « Cela s’explique par le fait que les signes de la maladie sont peu spécifiques -toux, essoufflement, fatigue persistante etc – et apparaissent tardivement. Souvent, le diagnostic est posé lorsque des métastases apparaissent, notamment au cerveau qui est le principal site de métastase dans le cancer du poumon. » C’est notamment le cas pour les mutations ALK. Près de 30 % des patients présentent des métastases cérébrales dès le diagnostic de leur maladie.
Selon le Pr Julien Mazières, « les anomalies ALK ont justement bénéficié de progrès majeurs ces dernières années grâce à des thérapies ciblées spécifiques. Ces nouvelles molécules, de plus en plus efficaces, surpassent la chimiothérapie en offrant des bénéfices durables, souvent au-delà de 3 à 5 ans. Elles sont également très efficaces contre les métastases cérébrales. Cela permet, soit de prévenir leur apparition chez les patients sans métastases cérébrales au diagnostic, soit de les traiter efficacement chez ceux qui en présentent dès le départ. Et pouvoir traiter ces métastases améliore considérablement leur qualité de vie. »