Cancer de l’endomètre : un saignement anormal ? Direction le gynécologue
Face à un saignement anormal, ne pas attendre : consulter immédiatement. Ce message à propos du cancer de l’endomètre est porté par les sociétés savantes et les associations de patientes dans le cadre de la campagne qui sera menée à l’occasion de SEPTEMBRE TURQUOISE, le mois de sensibilisation aux cancers gynécologiques. Le cancer de l’endomètre survient lorsque des cellules anormales se développent au niveau de cette fine muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus.
Le plus fréquent des cancers gynécologiques
Ce cancer gynécologique a beau être fréquent – 8 824 nouveaux cas par an – et toucher au plus intime des femmes, il reste largement méconnu. Chaque année, 2 500 femmes en meurent en France. Au total, ce cancer est le quatrième en termes de fréquence chez les femmes, et son incidence est en constante augmentation. L’âge médian au moment du diagnostic est de 69 ans, avec un pic d’incidence observé entre 70 et 74 ans.
Si, dans une minorité de cas, ce cancer est associé à un syndrome de prédisposition -syndrome de Lynch ou HNPCC (hereditary non polyposis colon cancer), les principaux facteurs de risque sont l’âge, et le surpoids ou l’obésité ; chaque augmentation de 5 kg/m2 de l’IMC étant associée à un accroissement de 54 % du risque de cancer.
Des saignements vaginaux anormaux doivent alerter
Contrairement au cancer du col de l’utérus, il n’existe pas de programme de dépistage systématique pour celui de l’endomètre. Ce cancer peut seulement être suspecté lorsque des symptômes apparaissent et le principal « est la présence de saignements génitaux, même minimes, après la ménopause, ou en dehors des périodes de règles avant la ménopause », explique le Pr Vincent Lavoué, chef du service de gynécologie du CHU de Rennes. Cela doit inciter à consulter rapidement un gynécologue pour des examens approfondis ». Ce symptôme n’est caractéristique que de la phase précoce de la maladie. Lorsque le cancer est plus avancé, les femmes peuvent ressentir des douleurs dans le bas-ventre, une fatigue importante ou une perte de poids.
Un cancer qui bénéficie d’une intense recherche
Chirurgie moins invasive, signature moléculaire de la tumeur, thérapies ciblées… la prise en charge du cancer de l’endomètre bénéficie des derniers progrès de la cancérologie. Le Pr Alejandra Martinez, chirurgien à l’IUCT-Oncopôle à Toulouse, souligne l’importance de la caractérisation moléculaire des tumeurs pour cibler les traitements : « cette approche prend en compte divers facteurs, tels que la présence de la protéine P53 chez 20 % des patientes, ainsi que l’anomalie POLE et d’autres anomalies génétiques ». Ces éléments jouent un rôle clé dans la détermination du pronostic et des perspectives de guérison. « Selon l’extension de la maladie (locale ou métastatique), les traitements peuvent varier de la chirurgie seule à une approche multidisciplinaire incluant la radiothérapie, la chimiothérapie, voire l’immunothérapie pour les cas avancés ou métastatiques. »
De moins en moins invasive, la chirurgie demeure le traitement privilégié pour le cancer de l’endomètre. Dans 60 à 70 % des cas où le cancer est localisé, la chirurgie seule suffit à guérir les patientes.
Globalement, les taux de guérison à 5 ans pour les cancers de l’endomètre sont encourageants : on atteint aujourd’hui 90 % pour les cancers détectés à un stade précoce et 80 % pour les cancers de stade 2.