Cancer colorectal : pourquoi les Français redoutent-ils la coloscopie ?

Mars Bleu, c’est tout le mois de mars… mais la coloscopie, c’est toute l’année ! Inciter au dépistage du cancer colorectal et dédramatiser l’acte de coloscopie auprès du grand public, c’est le combat mené par la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE).
Un délai qui s’allonge entre le test positif et la coloscopie
En 2012, la France était sur le podium européen concernant la pratique de la coloscopie. 13 ans plus tard, ce n’est plus le cas (82,6 % de coloscopies réalisées en 2020-2021 suite à un test de dépistage positif contre 89 % en 2013-2014 – le repère européen considère 85 % comme “acceptable”) avec une appréhension de plus en plus forte chez les Français. Le délai médian entre le test de dépistage positif et la réalisation de la coloscopie est également en nette augmentation avec quasiment 20 jours de plus (de 62 jours à 81 jours entre 2013-2014 et 2021).
Quel est le retour de ceux qui ont déjà bénéficié d’une coloscopie ?
D’après la dernière enquête de Vivio pour la SNFGE, les principales appréhensions des Français ayant passé une coloscopie portent sur la préparation de l’examen (purge) pour 21 %, l’anesthésie pour 10 % (avec une inquiétude plus marquée chez les femmes : 16 % contre 4 % chez les hommes) et la peur du diagnostic pour 10 %. Les femmes se montrent moins préoccupées par les résultats que les hommes (78 % contre 86 %).
Chez les jeunes, de plus en plus concernés par les maladies digestives, plus d’un tiers (37 %) des 25-34 ans interrogés ne consultent pas un professionnel de santé par crainte de devoir subir des examens complémentaires jugés gênants, comme la coloscopie. Par ailleurs, 23 % redoutent d’apprendre qu’ils sont atteints d’une maladie.
Pourquoi faire une coloscopie après un test immunologique positif ?
Le test immunologique détecte la présence de sang non visible à l’œil nu dans les selles, ce qui peut être le signe de polypes ou de tumeurs dans le côlon, indiquant un risque de cancer colorectal. Le test sert donc à identifier les personnes à risque et à les orienter vers des examens complémentaires, comme la coloscopie. Cet examen visuel du côlon permet non seulement de détecter les polypes avant qu’ils ne deviennent malins, mais aussi de les retirer immédiatement, réduisant ainsi le risque de cancer.
Il s’agit donc d’un examen à la fois diagnostique et thérapeutique. La coloscopie permet d’établir ou d’écarter le diagnostic de cancer colorectal en réalisant des prélèvements de la tumeur. On ne le répètera jamais assez, le cancer colorectal est évitable et peut être guéri dans 9 cas sur 10 lorsqu’il est diagnostiqué précocement.
La coloscopie concerne les personnes ayant un test de dépistage positif, celles ayant des symptômes ou des antécédents familiaux. Pour ces deux derniers groupes de population, c’est direct la coloscopie, sans même passer par la case test immunologique !
La coloscopie permet également de diagnostiquer des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. En cas de saignements intestinaux inexpliqués, elle est l’outil de choix pour en identifier la source, qu’il s’agisse de diverticules, d’ulcères ou de tumeurs. Pour les patients ayant des antécédents de polypes ou de cancer colorectal, la coloscopie permet la surveillance régulière et le suivi post-traitement, permettant de détecter toute récidive ou nouvelle anomalie.
Cooloscopie !
La SNFGE lance, à l’occasion de Mars Bleu, un livret intitulé Cooloscopie ! qui joue franc jeu pour dédramatiser cet examen endoscopique en apportant des informations claires, rassurantes et sans tabou. Diffusé auprès des professionnels de santé et des patients, il explique les étapes de l’examen, ses bénéfices diagnostiques et répond aux questions taboues que se posent ceux qui y sont éligibles.
« On dénombre une déperdition de 17 % des personnes qui devaient réaliser une coloscopie après un test
positif », explique la Dre Isabelle Rosa, présidente de la SNFGE et cheffe du service d’hépato-gastro-entérologie du CHI de Créteil.