Breadcrumbing : méfiez-vous de cette manipulation sentimentale
Ghosting, love bombing, et maintenant breadcrumbing. Ce terme anglais vient du chemin de miettes, qu’Hansel et Gretel tracent dans le conte des frères Grimm afin de retrouver leur route, perdus dans la forêt. « Le chemin de miettes de pain consiste à accorder à une personne juste assez d’attention pour la maintenir intéressée ou accrochée à la relation, sans aucune intention de s’engager vraiment », explique dans un article de la Cleveland Clinic la psychologue Susan Albers.
Dans le viseur…
Ainsi, le breadcrumbing consiste à envoyer des messages explicites – tendres, affectueux… – à une personne comme pour lui faire miroiter une relation. Seulement, l’émetteur des messages ne souhaite pas vraiment s’engager mais juste garder « l’autre » dans son viseur. Ses outils ? Un like affiché sur les réseaux sociaux ou un SMS de temps en temps pour que la « victime » reste intéressée… Le breadcrumber joue avec le temps, par des envois qui ne sont pas trop rapprochés, distillés ici ou là, sans vraiment de fréquence particulière, car il ne souhaite pas que la relation évolue… « Ce qui est intéressant avec le breadcrumbing, c’est qu’il fonctionne sur le principe du renforcement intermittent, un principe de la psychologie qui décrit un cycle de dépendance », commente Susan Alberts. Elle donne l’exemple de la machine à sous : si rien ne tombe, on arrête rapidement. Mais si on gagne de temps en temps, on continue alors à jouer.
Estime de soi, confiance…
Dans une étude datée de 2022, une psychologue indienne, Simran Gupta, met l’accent sur les effets potentiellement dangereux de ces « cybertechniques destinées à entretenir ou mettre fin aux relations ». Il est question de breadcrumbing mais aussi de ghosting, Le premier se différencie du ghosting qui est une technique qui permet de mettre fin à une relation en évitant la confrontation directe, qu’elle soit physique, écrite, vocale… La personne qui rompt ainsi disparaît totalement et brutalement de la vie de l’autre, au point de devenir une sorte de fantôme. Elle ne fournit aucune explication pas plus qu’elle ne répond aux messages de son ancien amoureux ou amoureuse.
Aux yeux de Simran Gupta, si peu de travaux se sont penchés sur les effets à long terme de ces pratiques, ces termes renvoient à un phénomène qui, lui, a été bien plus étudié : l’ostracisme. Il parle ainsi « d’aliénation sociale », vécue comme « une expérience stressante qui entraîne souvent un inconfort émotionnel ». Avec des répercussions très concrètes nommées, « baisse de l’estime de soi, sentiment d’isolement, anxiété » voire « dépression »…
Si vous pensez être victime de ghosting ou de breadcrumbing, tentez de confronter la personne en question, afin d’obtenir des explications. Et si besoin, rapprochez-vous d’un ou d’une thérapeute (psychologue…) pour mieux comprendre comment vous avez ainsi pu vous faire maltraiter. Et aussi pour réapprendre à faire confiance…