Acné : comment gérer l’effet rebond de la rentrée ?
L’acné touche 60 % des adolescents dont 15 % de manière sévère, mais elle ne se limite pas à cette tranche d’âge. Selon l’étude internationale ALL, près d’un adulte sur cinq dans le monde en souffre également et, précisément, plus de 19 % des 25-39 ans. Bien qu’il n’existe pas de statistiques exactes sur l’acné « post-exposition » au soleil (connu comme l’« effet rebond »), les dermatologues constatent son apparition chaque rentrée.
Comment s’explique le rebond d’acné à l’automne ?
Le soleil, en lui-même, ne provoque pas l’acné. Au contraire, il tend à l’améliorer grâce à trois mécanismes. Premièrement, il assèche l’hyper-séborrhée, un excès de sébum qui, en temps normal s’écoule à travers les pores pour protéger la peau.
Deuxièmement, il ralentit la prolifération de la bactérie responsable de l’acné, Propionibacterium acnes, naturellement présente dans les glandes cutanées. Pour rappel, les formes dites rétentionnelles de l’acné (comédons et points blancs, ou microkystes) dépendent de la nature de la peau et des hormones, tandis que le passage aux formes inflammatoires (boutons rouges ou papules) résulte de la multiplication anormale de cette bactérie.
Troisième phénomène lié à l’exposition solaire : les ultraviolets, en particulier les UV-A, qui induisent un épaississement de l’épiderme. À la fin de l’été, cette couche superficielle épaissie favorise la formation de nouveaux comédons. Dès que le soleil diminue, les glandes sébacées se réactivent, ce qui conduit généralement à une recrudescence de l’acné en septembre-octobre, qui n’épargne ni les formes rétentionnelles ni inflammatoires d’acné ; la plupart des personnes acnéiques ayant une forme mixte. De plus, l’exposition solaire peut parfois faire pigmenter les cicatrices.
Comment prévenir le rebond acnéique ?
Se protéger du soleil reste primordial. Cela inclut l’application régulière de crème solaire non comédogène avec un SPF minimum de 30+, le port de chapeaux et de vêtements couvrants. Il faut fuir le soleil estival entre 12h et 16h. Par ailleurs, prévenir le rebond de l’automne passe aussi par un traitement anti-acnéique bien conduit, avec quelques précautions. Certains médicaments, comme les cyclines (antibiotiques dont la doxycycline) et l’isotrétinoïne (le Roaccutane), contre-indiquent l’exposition au soleil en raison du risque de photosensibilisation (réactions de type « coups de soleil »).
En cas d’acné légère, le traitement d’attaque inclut généralement un rétinoïde (dérivé de la vitamine A) et/ou du peroxyde de benzoyle. Ces substances (non photosensibilisantes), assèchent légèrement l’épiderme et réduisent la couche cornée, d’où une sensibilité accrue de la peau aux coups de soleil. Il est donc préférable de les appliquer le soir.
Dans le cas où l’on a terminé un traitement contre l’acné avant l’été, il peut être judicieux de poursuivre des soins d’entretien durant la période juillet-août-septembre, en fonction de la fragilité de la peau. L’application d’un rétinoïde topique aide à limiter la formation de nouveaux comédons à l’automne, causés par l’épaississement de la peau. Pour les peaux particulièrement fragiles, une crème hydratante matin et soir est recommandée, en privilégiant les produits contenant de l’acide salicylique ou des acides de fruits.
Hygiène de vie et alimentation : les bonnes pratiques
Adopter une bonne hygiène de vie en complément du traitement permet d’améliorer l’acné plus rapidement.
Éviter le tabac et le stress est recommandé par la Société Française de Dermatologie. Le stress chronique favoriserait l’acné, en combinaison avec la génétique, les hormones et l’environnement (pollution, etc.). Le cortisol (hormone du stress) peut provoquer des éruptions de boutons lorsqu’il est synthétisé en quantités excessives.
Il faut caresser sa peau et non l’agresser. Les savons ordinaires ont un pH le plus souvent à 8 (acide). Or, il faut privilégier les solutions lavantes qui ont un pH basique identique à celui de la peau (pH 5) pour ne pas stresser les glandes sébacées. Celles-ci se mettraient à produire encore plus de sébum en excès, surtout si on frotte la peau. Beaucoup de savons, y compris ceux spécifiquement vendus pour l’acné, ont un pH de 8. Attention.
Côté alimentation
La vitamine B21 ou cobalamine (fromages, poissons, viande) aggraverait l’acné lorsqu’elle est donnée sous forme de suppléments, comme chez les personnes végétariennes, souvent carencées. Cela favoriserait la production par Propionibacterium acnes de substances pro-inflammatoires (porphyrines) aggravant ainsi l’acné.
Les aliments à index glycémique élevé (produits céréaliers transformés, sodas, chips), semblent avoir un impact sur l’acné. La production d’une hormone de croissance s’en trouve boostée, augmentant la sécrétion de sébum et favorisant ainsi l’apparition de l’acné.
Les omégas 3 seraient aussi impliqués. En juillet 2024, des chercheurs américains ont publié leur découverte : une réduction significative de l’acné grâce à un régime méditerranéen et à la prise de suppléments d’oméga-3. L’étude, menée sur une petite cohorte de 60 personnes, a révélé que 98,3 % des participants présentaient une carence en ces acides gras. Le rétablissement des niveaux d’oméga-3 a fortement réduit la gravité de l’acné. A confirmer.