Accès aux médecins spécialistes : des délais toujours plus longs… même pour les généralistes

Accès aux médecins spécialistes : des délais toujours plus longs… même pour les généralistes

Lors d’une conférence de presse jeudi 17 octobre, le syndicat des médecins généralistes MG France expliquait par la voix de sa présidente Agnès Giannotti que « lors d’1 consultation sur 10, le médecin généraliste adresse le patient à un spécialiste (…) La question de l’ accès (à ce spécialiste) est essentielle pour les parcours de soins. »

Pour le médecin traitant, il est donc capital d’obtenir, sans trop de difficultés ni de délais, un avis secondaire afin de mettre toutes les chances du côté du patient.

Mais dans les faits, cet accès est-il aisé ?

Une enquête menée par MG France apporte des réponses édifiantes. En cardiologie par exemple, près de 60 % des généralistes ne peuvent obtenir un avis avant 8 jours, et plus d’un quart doivent attendre plus d’un mois. Cette situation est particulièrement inquiétante compte tenu de l’urgence potentielle des problèmes cardiaques.

La dermatologie n’est guère mieux lotie, avec seulement 20 % des généralistes capables d’obtenir un rendez-vous sous 7 jours, et un tiers confronté à des délais dépassant 3 mois. « En trois mois que va devenir un cancer de la peau ? », s’interroge le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat, sur le site www.egora.fr.

Pour des pathologies potentiellement graves comme un diabète décompensé ou une hyperthyroïdie menaçante, 30 % des médecins attendent plus de deux mois pour un avis « urgent ». En gastroentérologie, 40 % des généralistes font face à des délais supérieurs à un mois. Même pour des cas urgents comme les suspicions de tumeurs digestives, 9 % des généralistes ne peuvent obtenir de rendez-vous qu’après un mois.

Psychiatrie :  des délais alarmants

Pour une pathologie psychiatrique grave, seuls 5 % des généralistes obtiennent un avis dans la semaine, tandis que 56 % doivent attendre plus de trois mois. La situation est encore plus critique en pédopsychiatrie, avec 80 % des généralistes confrontés à des délais supérieurs à 3 mois. Une perte de chance pour les jeunes, dont la santé mentale s’est dégradée depuis la pandémie.

L’accès aux examens d’imagerie pose également problème, avec plus d’un généraliste sur cinq confronté à des délais supérieurs à un mois pour un scanner ou une IRM.

Ces chiffres alarmants soulignent les défis majeurs auxquels est confronté le système de santé français en termes d’accès aux soins spécialisés. Avec cette enquête, « nous voulons juste mettre en évidence que les problèmes d’accès aux soins, ce n’est pas que le médecin généraliste, ça concerne toutes les spécialités et cette difficulté pour nous d’adresser prioritairement est un grave problème », conclut Jean-Christophe Nogrette. « Il ne s’agit ici aucunement de jeter la pierre à nos confrères mais de voir comment mieux travailler ensemble. »