La sexomnie, complexe et inquiétante…

« Cela reste très rare », constate Sébastien Garnero, docteur en psychologie et sexologue, qui n’a rencontré au cours de sa carrière qu’une poignée de cas de personnes souffrant de sexomnie. Autrement dit, un trouble du sommeil – faisant partie des parasomnies – qui implique, dans le cas présent, un comportement sexuel : en solo à travers la masturbation ou en impliquant le ou la partenaire (caresses, frottements, acte sexuel…). Il précise : à l’image du somnambulisme, « le patient est inconscient ».
Pas de conscience…
Dans une thèse réalisée sur le sujet, Tuong Bao Truong (Université de Caen Normandie) précise que « durant ces épisodes, le sujet est confus et présente une amnésie partielle voire complète ». La sexomnie ne doit pas être confondue avec « les érections nocturnes qui se produisent de manière physiologique chez les hommes en raison d’une vasodilatation involontaire du pénis ».
Un risque pénal…
« Le diagnostic n’est pas aisé », reprend Sébastien Garnero qui a rencontré le cas auprès de « jeunes adultes masculins. Bien souvent c’est le partenaire qui s’en aperçoit ». Avec des conséquences potentiellement graves : « faute de consentement » et étant donné que la personne n’est pas véritablement consciente, le risque sous-jacent d’agression sexuelle et donc de responsabilité pénale existent.
Des facteurs associés
Sur le plan clinique, le psycho-sexologue a pu constater que ces cas de sexomnie étaient rarement isolés. « Ils peuvent être associés à l’existence de troubles anxieux et/ou du sommeil (apnées…) voire à des addictions (substances, pornographie…) », décrit-il. Des antécédents de somnambulisme ou de somniloquie ? On ne les retrouve « pas de façon systématique ».
Une prise en charge multiple
A l’image du diagnostic, la prise en charge peut aussi s’avérer complexe et très dépendante d’un patient à un autre. « En présence de troubles du sommeil évalués par polysomnographie », enchaîne Sébastien Garnero, « l’enjeu consiste d’abord à les traiter et à réguler le sommeil. Ce qui passe donc par une bonne hygiène de celui-ci ». Il cite également « les thérapies cognitivo-comportementales voire une approche au niveau sexologique, afin par exemple d’explorer la présence ou non de problématiques spécifiques comme des phénomènes d’inhibition ou, au contraire, de désinhibition ». A noter enfin, que selon certains travaux, l’hypnose peut aussi être préconisée.