BPCO : une maladie fréquente et sévère qui s’attaque aux poumons et au cœur

BPCO : une maladie fréquente et sévère qui s’attaque aux poumons et au cœur

La BPCO, une insuffisance respiratoire sous-diagnostiquée

« La BPCO, cela signifie broncho-pneumopathie chronique obstructive », explique le Pr Romain Kessler, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Strasbourg (Bas-Rhin). « Il s’agit d’une maladie des bronches, et l’adjectif « chronique » indique que la maladie dure toute la vie. « Obstructive » signifie que les bronches sont obstruées, ce qui se mesure par un test appelé « épreuve fonctionnelle respiratoire ». Ce dernier est d’ailleurs essentiel pour diagnostiquer la BPCO. »

Si le tabac joue un rôle central dans la survenue de cette maladie, il ne faut pas occulter les autres causes, à l’image des polluants intérieurs, industriels et atmosphériques. Du côté des symptômes, la maladie progresse de manière sournoise. « Les plus courants sont la toux, les expectorations (ou crachats) et la dyspnée, autrement dit l’essoufflement, qui varie en fonction de la gravité de la maladie. Et dans les formes sévères, la qualité de vie des patients est grandement altérée, avec par exemple des difficultés à monter des escaliers et parfois même à simplement parler tant l’essoufflement est important. »

Malheureusement le diagnostic de la maladie est souvent tardif. A tel point que deux tiers des patients s’ignorent. « Cela s’explique par la banalité des premiers signes, comme la toux qui ne déclenche pas la consultation chez le médecin. Par ailleurs certains patients peuvent ne présenter que des symptômes mineurs jusqu’à un stade avancé de la maladie. » D’où l’importance en présence de ces symptômes de consulter son médecin traitant. Idem pour les patients déjà diagnostiqués afin qu’ils puissent bénéficier d’un suivi régulier.

Essoufflement, fatigue, crachats, des symptômes à surveiller

Chez certains patients, les exacerbations de la maladie – dégradation soutenue et rapide de l’état respiratoire – peuvent être très éprouvantes. « Dans certains cas, elles entraînent des hospitalisations », précise le Pr Kessler. « Elles aggravent les symptômes, ce qui peut avoir un impact important sur la qualité de vie. Les patients qui ont déjà eu des exacerbations sont plus à risque d’en subir d’autres. Il est donc essentiel de les suivre de près, en leur apprenant à reconnaître les signes avant-coureurs, comme un essoufflement accru ou un écoulement nasal, ils peuvent réagir rapidement. » Et selon notre spécialiste, « les médecins généralistes ont également un rôle important à jouer pour repérer les patients chez lesquels la maladie n’est pas assez contrôlée. » Tout comme il est essentiel également de prévenir ces exacerbations, en misant par exemple sur l’activité physique adaptée.

Prendre en compte le lien cœur/poumon

Ce n’est pas assez reconnu, mais si la BPCO est bien une maladie respiratoire, elle impacte considérablement le cœur. En France, 2 patients sur 3 atteints de BPCO présentent une maladie cardiovasculaire diagnostiquée. Et environ 1 patient sur 2 décède de cause respiratoire ou cardiovasculaire dans les 3,6 ans suivant leur première exacerbation sévère. « Le cœur et les poumons ont des fonctions interdépendantes, donc les maladies respiratoires chroniques comme la BPCO peuvent aussi affecter le système cardiovasculaire, notamment en cas d’hypertension pulmonaire », explique le Pr Kessler. « Cela entraîne une pression plus forte au niveau pulmonaire, ce qui peut ensuite affecter le cœur. En outre, la BPCO est associée à une inflammation chronique qui peut contribuer au développement de l’athérosclérose et d’autres maladies cardiovasculaires. » Selon notre spécialiste cela explique en partie pourquoi « il existe un lien fort entre BPCO et mortalité cardiovasculaire. Beaucoup de patients décèdent de maladies cardiaques, surtout après des exacerbations sévères de BPCO. »

Une association à l’écoute des patients

Jean-Paul Vasseur est vice-président de la Fédération Française des Associations et Amicales de malades, Insuffisants ou Handicapés Respiratoires, la FFAAIR. « Nous savons qu’une insuffisance respiratoire affecte aussi le cœur. Si les poumons ne reçoivent pas assez d’oxygène, le cœur en pâtit inévitablement. Nous devons informer davantage sur ce lien cœur-poumon pour sauver des vies. »

Car en effet, c’est la principale mission de la FFAAIR. « Notre rôle consiste à donner des informations fiables aux patients et à leurs proches, à les orienter vers les associations locales, afin qu’ils puissent bénéficier d’un soutien adapté. En France, nous disposons de 51 associations affiliées. Nous mettons également un accent particulier sur la promotion des activités physiques adaptées pour les insuffisants respiratoires. »
Pour davantage d’informations : https://ffaair.org/

La BPCO en chiffres :

3,5 millions de personnes en France souffrent de BPCO dont les deux tiers ignorent leur état de santé.
Chaque année la maladie provoque 100 000 hospitalisations.
Et elle tue plus 18 000 personnes en France.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la BPCO est la troisième cause décès dans le monde.

Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin généraliste au moindre symptôme car plus la maladie est contrôlée tôt, plus les risques de progression sont limités. Et chez les patients déjà diagnostiqués, le recours régulier au médecin permet aussi de mieux gérer la BPCO et ses conséquences.